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<!--#include virtual="/header-start.html" --><title>Les protocoles des sages de
    Sion</title><!--#set var="style" value="canular" --><!--#include virtual="/header-end.html" -->
<p class="exergue">Plus le mensonge est gros, plus il a de chances d'être cru <span class="source">Goebbels (ministre de la propagande d'Hitler)</span>
</p>
<p><time>1895</time>, alors que <a href="../dreyfus/index.html">l'affaire Dreyfus</a> fait rage, Pierre J.
    Ratchkovsky <span class="note">Conseiller d'état ultra-réactionnaire, chef parisien de l'<em>Okhrana</em>, la police politique tsariste</span>
    veut convaincre le Tsar, déjà relativement antisémite, qu'un complot judéo-maçonnique se cache derrière le courant
    libéral réformateur en Russie <span
        class="note">La manœuvre vise tout particulièrement le comte Sergueï Witte.</span>. Il demande à un de ses
    agents, le journaliste De Cyon, à se servir du <em><a
        href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialogue_aux_enfers_entre_Machiavel_et_Montesquieu">Dialogue aux enfers
        entre Machiavel et Montesquieu</a></em> <span class="note">un pamphlet anti-judéomaçonnique de Maurice Joly contre l'Empereur Napoléon III, publié en 1864</span>
    pour dénoncer la place des juifs dans le système financier de l'empire russe. Le projet n'est pas mené à bien, mais
    finalement confié au faussaire russe <span class="note">exilé à Paris</span> Matthieu <span
        class="note">Matevi</span> Golovinski L'ouvrage est présenté comme la consignation fuitée de 24 "conférences"
    d'une cabale juive (<q>les sages de Sion</q>) planifiant le contrôle du monde, et à l'origine de nombre de ses maux
    <span class="source">Norman Cohn (historien): <em>Histoire
        d’un mythe : la conspiration juive et les Protocoles</em>, Gallimard ,1967</span>.
</p>
<p>Le texte terminé parvient par la main d'un <q>franc-maçon</q> indéterminé remet à Melle Juliana Dimitrievna Glinka
    <span class="note">(1844-1918) fille d'un diplomate russe, vivant à Paris sous le nom de Justine Glinka et qui entre 1880 et 1890, avait déjà fait parvenir aux autorités de son pays des renseignements sur l'activité des révolutionnaires russes</span>,
    qui quitte <span class="place">Paris</span> au printemps pour rentrer en Russie. Rendant visite à son ami Alexeï
    Nikolaïevitch Soukhotine <span class="note">commandant en retraite, propriétaire terrien, "Maréchal de Noblesse", c’est-à-dire Président de L’Association des Nobles de la région, Habitant à Tchern (Gouvernement de Toula)</span>,
    elle lui transmet le texte français dont elle dispose.
</p>
<p>Soukhotine en fait faire plusieurs copies, qu'il transmet à ses amis, à commencer par Philippe Petrovitch Stepanoff
    <span class="note">futur Conseiller d’État, mort est 1932</span>, qui le fait polycopier dans la même année et le
  fera imprimer <time>1897</time> en petite quantité, toujours à l'intention de ses amis et connaissances <span
        class="source">Introduction des <em>protocoles des sages de Sion</em>, Paris, 1943</span>.
</p>
<figure class="right side">
    <img
      alt="La 2ᵉ édition de 1905 du livre de Nilus Le Grand dans le Petit et l’Antéchrist - une possibilité politique prochaine , intègrant les Protocoles"
        src="1905_Velikoe_v_malom_-_Serge_Nilus_-_Title_page_-_Facsimile_-_1920.jpg">
  <figcaption> La 2ᵉ édition de 1905 du livre de Nilus <q>Le Gran dans le Petit et l’Antéchrist - une possibilité
        politique prochaine</q> , intégrant les Protocoles
    </figcaption>
</figure>
<p>C'est enfin en 1901 que Sergueï Alexandrovitch Nilus <span class="note"> Mystique russe, propriétaire terrien et écrivain, pressenti pour devenir le confesseur du Tsar, mais qui ne sera finalement pas nommé (1862-1930)</span>,
  travaillant alors à un ouvrage sur <em>L'Antéchrist qui approche</em> <span class="note">Paru dans une 1ʳᵉ édition sans les protocoles en en novembre 1901</span>,
    en reçoit une copie de son ami Soukhotine <span class="source">Nilus, S. A.: <em>C'est tout près, à notre porte
        !</em> pp. 86, 92</span>.
</p>
<p><time>1903</time>, quelques mois après le 1er pogrom de Kichinev <span class="note">Ville alors située en Russie, et aujourd'hui en Moldavie</span>,
    Krouchevan <span class="note">député à la Douma et adversaire des juifs, et un des fomenteurs du pogrom</span>,
    entre en possession d'un exemplaire de cette édition, qu'il publie à <span class="place">Saint-Pétersbourg</span>
    comme une justification, en feuilleton abrégée et grossièrement traduit entre le <time
        datetime="1903-08-28/09-07"></time> de son journal <em>Znamia</em> <span
        class="note">l'Étendard, le Drapeau</span>, sous le titre <em>Programme juif de conquête mondiale</em>. La même
    année, ils paraissent à Paris sous forme d'un fascicule d'une centaine de pages.
</p>
<p><time>1912</time> une autre version russe.</p>
<p>En contradiction avec la date de création du texte qu'il ignore peut-être, Nilus écrit dans son édition de
    <time>1917</time> : <q>Ce n’est qu’àq>ent que cela me parait croyable et que j’ai appris de sources juives que les
        Protocoles représentent le plan stratégique de soumission du monde par Israël, l'ennemi de Dieu. Ce plan fut
        élaboré par les chefs du Judaïsme pendant les siècles de la dispersion du peuple juif, et présenté par le Prince
        de l'Exil, Theodor Herzl, au Conseil des Anciens au moment du Premier Congrès Sioniste convoqué par lui à <span
      class="place">Bâle</span> <time>1897-08</time></q>.
</p>
<p><time>1919</time> le capitaine Müller von Hausen, sous le nom de <em>Gottfried Zur Beck</em>, publie la 1ʳᵉ
    traduction allemande, sous le titre <em>Les Secrets des Sages de Sion</em>, y ajoutant un récit de l'origine de la
    "fuite" supposée : <q>Lorsqu’on apprit par journaux que les Sionistes allaient se réunir à Bâle pour discuter de
        l'établissement d'un État juif en Palestine, le chef du Service Secret russe à Paris, Ratchkovsky, y envoya un
        espion, aux dires d'un Russe qui occupa pendant de longues années un poste important dans un Ministère à
        Saint-Pétersbourg. Cet espion corrompit un juif qui avait la confiance des "Représentants de Sion". A la fin de
        la séance, ce juif était chargé de porter les décisions prises et inconnues des non-israélites, à la Loge juive
        de Francfort-sur-le-Mein, loge fondée le 16 août 1807 sous le nom "A l'Aurore Naissante" et qui, depuis un
        siècle, assurait la liaison avec le Grand-Orient de France. Ce voyage facilita grandement la trahison projetée.
        Le messager passa la nuit dans une petite ville où le Russe l'attendait avec un groupe de copistes qui se mirent
        immédiatement à la besogne, mais ne purent copier en une seule nuit tout le manuscrit. L’original était en
    français </q><span
    class="note">L'hq>re fut plusieurs fois modifiée, il s'agit ici de celle de la 8ᵉ édition de 1923</span>.
</p>
<section title="USA">
  <p><time>1920-05-08</time>, le <em>Times</em> publie un éditorial intitulé <em>Le péril juif, un pamphlet
        dérangeant</em>. On y lit notamment :
    </p>
    <blockquote>
        <p>Le <em>Times </em> n'a pas encore analysé ce curieux petit livre. Mais sa diffusion augmente de plus en plus,
            sa lecture est faite pour inquiéter ceux qui savent réfléchir. Remarquons que certains traits essentiels du
            prétendu programme juif offrent une analogie troublante avec les événements actuels... Que sont donc en
            réalité ces Protocoles ? Sont-ils authentiques ? Et si oui : quelle Assemblée malveillante a-t-elle forgé
            ces plans ? S’agit-il d’un faux ?? Si oui, comment expliquer cette note prophétique et lugubre, ces
            prédictions qui sont, sait partiellement réalisées, soit en cours de réalisation ?... De telles questions ne
            peuvent être éludées par, un simple haussement d’épaules... Une enquête impartiale s’impose... Si l'on en
            juge d’après le texte, il semble que les Protocoles aient été écrits par des Juifs et pour des Juifs.
        </p>
    </blockquote>
    <p>L'affaire fait grand bruit.</p>
    <figure class="left side">
        <img alt="Le Juif international : le problème du monde selon le journal de Ford" src="leproblemedumonde.png">
        <figcaption><q>Le Juif international : le problème du monde</q> selon le journal de Ford</figcaption>
    </figure>
  <p><time>1920-05-22</time>, sous le patronnage d'Henry Ford, ils sont publiés aux USA dans une série d'articles
        publiés dans son journal, ce qui lui vaut un procès qu'il perd, avec un mea culpa :
    </p>
    <blockquote>
        <p>A mon grand regret, j'ai appris que dans le <em>Dearborn Independent</em> et dans des pamphlets réimprimés
            intitulés <em>Le Juif international</em>, des articles ont été publiés qui ont poussé les Juifs à me voir
            comme leur ennemi, encourageant l'antisémitisme.
        </p>
        <p>A la suite de cette enquête je suis profondément humilié que ce journal, qui est destiné à être constructif
            et non ravageur soit devenu un moyen pour ressusciter des fictions discréditées, pour accréditer les fameux
            <em>Protocoles des Sages de Sion</em>, qui se sont avérés, comme je l'ai appris, une grossière
            falsification, et pour affirmer que les juifs ont été impliqués dans un complot pour contrôler le capital et
            les industries mondiales, outre les accuser de nombreuses atteintes à la pudeur, à l'ordre public et aux
            bonnes mœurs... En tant qu’homme respectable, je considère de mon devoir de réparer le préjudice causé aux
            juifs en tant que concitoyens et frères, en m'excusant pour tout le tort que je leur ai causé malgré moi, en
            rétractant, tant qu'il est de mon pouvoir, les accusations outrageantes dont ils ont fait l'objet dans ces
            publications, et en leur faisant la promesse solennelle que dorénavant ils pouvaient compter sur moi pour
            l'amitié et la bonne volonté…
        </p>
        <p>Même si j’avais été enclin à taire les détails de ces énoncés, j'aurais interdit leur circulation sans
            hésiter... Je fais cette déclaration de mon plein gré et dans le seul intérêt du droit et de la justice, et
            elle est conforme à ce que je considère comme mon devoir solennel en tant qu'homme et citoyen <span
                class="source"> "<a
                href="https://www.antisemitism.org.il/fra/Les%20Protocoles%20des%20Sages%20de%20Sion">Les
                Protocoles des Sages de Sion</a>", <em>Antisemitism</em>, 2011</span>.
        </p>
    </blockquote>
    <figure class="right side">
        <img alt="Le Times revenant sur son article de 1920, expliquant que le texte un faux littéraire"
            src="TheTimes_exposes_TheProtocols_as_a_forgery.jpg">
        <figcaption> Le <em>Times</em> revenant sur son article de 1920, expliquant que le texte un <q>faux
            littéraire</q></figcaption>
    </figure>
  <p><time>1921-02-25</time>, <em>The American Hebrew </em>de New-York publie une interview que l'ex-princesse
        Catherine Radziwill <span class="note">née en 1858</span> a accordée au gérant de ce journal et au rabbin de
        New-York, Isaac Landmann. Elle y prétend que les Protocoles auraient été rédigés après la guerre russo-japonaise
      <span class="note">1904/1905</span> et après le déclenchement de la 1ʳᵉ révolution russe de <time>1905</time>,
        par Ratchkovsky, qui n'aurait vu le texte terminé qu'à son passage à Paris à l'hiver de cette année-là. En
        <time>1935</time> seront invoquées une faute de mémoire ou d'impression pour expliquer cette confusion avec
        <time>1895</time>.
    </p>
</section>
<p>Les <time>1921-05-12</time> et <time>1921-05-13</time>, un Français, le comte Armand du Chayla, fait une nouvelle
    publication dans le journal russe <em>Poslednia Novosti</em> (Dernières Nouvelles).
</p>
<p><time>1921-08-18</time>, le <em>Times</em> fait amende honorable, publiant le récit de Philip Graves (son
  correspondant à Constantinople) qui démontre preuves à l'appui que le texte est un faux grossier. Il a néanmoins
  remporté un grand succès. Cette année-là est publiée la 1ʳᵉ traduction française de la version russe de
  <time>1912</time>.
</p>
<p><time>1922</time> est publiée une étude fort Monseigneur Jouin sur les Protocoles de G. Butmi, d'après l’édition
  de <time>1901</time>, et un ouvrage historique de Mrs Nesta Webster où <a href="/org/int/asso/illuminati/index.html">l'Illuminisme</a>
  de Weishaupt est présenté, via des citations, comme l'une des sources des doctrines et des méthodes exposées dans les
  Protocoles.
</p>
<p><time>1923</time>, l'idéologue du parti nazi Alfred Rosenberg utilise l'ouvrage dans <em>Les protocoles des Sages
  de Sion et la politique mondiale juive</em>.
</p>
<p><time>1926</time>, le texte est traduit en arabe par des chrétiens orientaux. Dans son <em>Mein Kampf</em>, Adolf
    Hitler affirme : <q>Les protocoles des sages de Sion montrent à merveille à quel point toute l'existence de ce
        peuple repose sur un mensonge permanent</q>.
</p>
<figure class="left side">
    <img src="b39c2af403.jpg"> <img alt="The Jewish Lobby" src="jewish_lobby.jpg"> <img alt="Le péril juif"
    src="_history_wing_assets_room1_elders_of_zion_protocols-1.jpg">
    <figcaption> Le texte paraît sous divers titres, dont <em>Le péril Juif</em>, traduit en différentes langues
    </figcaption>
</figure>
<p><time>1935</time>, à <span class="place">Berne</span>, un procès intenté par la Fédération des communautés juives
    de suisse conclut que les protocoles sont des <q>imbécilités</q>.
</p>
<p>Rééditions <time>1938</time>/<time>1939</time>.</p>
<p><time>1964</time>, le Sénat américain produit un rapport dénonçant que des documents similaires circulent en URSS.
</p>
<p>A partir de <time>1967</time>, au lendemain de la guerre des 6 jours en Israël, le texte fait l'objet de
    re-publications, notamment à Beyrouth.
</p>
<p><time>1993</time>, finalement, un tribunal de Moscou qualifie le texte de <q>faux antisémite</q>.</p>
<p><time>1999</time>, l'historien russe Mikhaïl Lepekhine établit que Golovinksky en est l'auteur.</p>
<p>La réédition du texte est interdite dans divers pays, dont la France. Dans divers pays arabes, il est toujours décrit
    comme crédible, comme dans le manuel scolaire palestinien de <time>2004</time> <em>Histoire du monde moderne et
        contemporain</em> (pour les élèves de 10ème année) : <q>Un ensemble de résolutions confidentielles ont été
        adoptées par le Congrès. Elles sont connues sous le nom de <em>Protocoles des Sages de Sion</em> et visent à la
        domination du monde. Elles ont été révélées par Serge Nilus et traduites en arabe par Mohammed Khalifah
        Al-Tunisi</q> <span class="source">Rapport sur les nouveaux manuels de l’Autorité palestinienne, <em>Center for
        Monitoring the Impact of Peace</em>, p. 22, juin 2005</span>.
</p>
<p><span class="source">Feldmann, Aharon: "<a href="https://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=925">Les protocoles des sages
    de Sion</a>", <em>Lamed</em>, 2008</span>
</p><!--#include virtual="/footer.html" -->