croyance/divin/theisme/mono/livre/bible/HistoireDeJosephLeCharpentier.html

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<title>Histoire de Joseph le charpentier</title>
<meta content="https://remacle.org/bloodwolf/apocryphes/joseph.htm" name="url">
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<div class="multilang" id="a">
  <p lang="fr">Au nom de Dieu, un en son essence et triple en ses personnes.</p>
  <p lang="en">In the name of God, of one essence and three persons.</p>
</div>
<div class="multilang" id="b">
  <p lang="fr">Histoire de la mort de notre père, le saint vieillard Joseph, le charpentier ;</p>
  <p lang="en">The History of the death of our father, the holy old man, Joseph the carpenter.</p>
</div>
<div class="multilang" id="c">
  <p lang="fr">que ses bénédictions et ses prières nous protègent tous, ô frères. Ainsi soit-il !</p>
  <p lang="en">May his blessings and prayers preserve us all, O brethren! Amen.</p>
</div>
<div class="multilang" id="d">
  <p lang="fr">Sa vie fut de cent onze ans <span class="note">En rapprochant de ce chiffre le calcul qu'on trouve
      au chapitre XIV, il en résulte que Joseph mourut dix-huit ans après la naissance de Jésus-Christ, ce qui s'accorde à peu près avec l'assertion de saint Épiphane, qui place l'époque de son décès lorsque Jésus-Christ avait douze ans, (tom. II, p. 1042 de l'édition de Petau).</span>,
    et son départ de ce monde arriva le vingtième du mois d'Abib qui répond au mois d'Ab <span class="note">Le mois d’Abib chez les anciens Égyptiens a porté depuis le nom d'Epiphi ; les Coptes lui donnent celui de Gupti, et les Musulmans d'Elkupti ; le mois d’Ab, usité chez les Syro-Chaldéens, correspond partie à juillet et partie à août.</span>.
    Que sa prière nous protège. Ainsi soit-il ! C’est notre Seigneur <span class="people">Jésus</span>-Christ lui-même
    qui a raconté cette histoire aux saints ses disciples sur le mont des Oliviers, leur narrant tous les travaux de
    <span class="people">Joseph</span> et la consommation de ses jours ; les saints apôtres conservèrent ce discours et
    le laissèrent consigné par écrit dans la bibliothèque à <span
      class="place">Jérusalem</span>. Que leur prière nous protège ! Ainsi soit-il !</p>
  <p lang="en">His whole life was one hundred and eleven years, and his departure from this world happened on the
    twenty-sixth of the month Abib, which answers to the month Ab. May his prayer preserve us! Amen. And, indeed, it was
    our Lord Jesus Christ Himself who related this history to His holy disciples on the Mount of Olives, and all
    Joseph's labour, and the end of his days. And the holy apostles have preserved this conversation, and have left it
    written down in the library at Jerusalem. May their prayers preserve us! Amen.</p>
</div>
<ol class="indexed">
  <li id="1">
    <p lang="fr">Il arriva un jour que le Sauveur, notre Dieu, Seigneur et maître, Jésus-Christ, était assis avec ses
      disciples sur le mont des Oliviers et que tous étaient réunis ensemble, et il leur dit : O mes frères et mes amis,
      enfants du père qui vous a choisis parmi tous les hommes, vous savez que je vous ai souvent annoncé qu'il fallait
      que je fusse crucifié et que je mourusse à cause du salut d'<span class="people">Adam</span> et de sa postérité,
      et afin que je ressuscite d'entre les morts. J'ai à vous confier la doctrine du Saint-Évangile qui vous a déjà été
      annoncée afin que vous la prêchiez dans le monde entier, et je vous couvrirai de la vertu d'en haut, et je vous
      remplirai de l'Esprit-Saint. Vous annoncerez à toutes les nations la pénitence et la rémission des péchés. Car un
      seul verre d'eau, si un homme le trouve dans le siècle futur, est plus précieux et plus grand que toutes les
      richesses de ce monde entier, et l'espace que peut occuper un seul pied dans la maison de mon Père l'emporte en
      excellence et en valeur sur tous les trésors de la terre. Une seule heure dans l'heureuse habitation des justes
      donne plus de joie et a plus de prix que mille années parmi les pécheurs ; car leurs gémissements et leurs
      plaintes ne cesseront point et leurs larmes n'auront point de fin, et ils ne trouveront à aucun moment ni
      consolation ni repos. Et maintenant, vous qui êtes mes membres honorables, allez, prêchez à toutes les nations,
      portez-leur la nouvelle loi, et dites-leur : Le Seigneur s'informe diligemment de l'héritage auquel il a droit ;
      il est l'administrateur de la justice. Et les anges châtieront ses ennemis et combattront au jour de la bataille.
      Et Dieu examinera chaque parole oiseuse et insensée qu'auront dite les hommes et ils en rendront compte, car
      personne ne sera exempt de la loi de mortalité et les œuvres de chacun seront mises au grand jour au moment du
      jugement, soit qu'elles aient été bonnes, soit qu'elles aient été mauvaises. Annoncez cette parole que je vous ai
      dite aujourd'hui : Que le fort ne tire point vanité de sa force, ni le riche de ses richesses ; mais que celui qui
      veut être glorifié, se glorifie dans le Seigneur.</p>
    <p lang="en">It happened one day, when the Saviour, our Master, God, and Saviour Jesus Christ, was sitting along
      with His disciples, and they were all assembled on the Mount of Olives, that He said to them: O my brethren and
      friends, sons of the Father who has chosen you from all men, you know that I have often told you that I must be
      crucified, and must die for the salvation of Adam and his posterity, and that I shall rise from the dead. Now I
      shall commit to you the doctrine of the holy gospel formerly announced to you, that you may declare it throughout
      the whole world. And I shall endow you with power from on high, and fill you with the Holy Spirit. Luke 24:49 And
      you shall declare to all nations repentance and remission of sins. Luke 24:37 For a single cup of water, Matthew
      10:42 if a man shall find it in the world to come, is greater and better than all the wealth of this whole world.
      And as much ground as one foot can occupy in the house of my Father, is greater and more excellent than all the
      riches of the earth. Yea, a single hour in the joyful dwelling of the pious is more blessed and more precious than
      a thousand years among sinners: inasmuch as their weeping and lamentation shall not come to an end, and their
      tears shall not cease, nor shall they find for themselves consolation and repose at any time forever. And now, O
      my honoured members, go declare to all nations, tell them, and say to them: Verily the Saviour diligently inquires
      into the inheritance which is due, and is the administrator of justice. And the angels will cast down their
      enemies, and will fight for them in the day of conflict. And He will examine every single foolish and idle word
      which men speak, and they shall give an account of it. Matthew 12:36 For as no one shall escape death, so also the
      works of every man shall be laid open on the day of judgment, whether they have been good or evil. 2 Corinthians
      5:10 Tell them also this word which I have said to you today: Let not the strong man glory in his strength, nor
      the rich man in his riches; but let him who wishes to glory, glory in the Lord.</p>
  </li>
  <li id="2">
    <p lang="fr">Il fut un homme dont le nom était <span class="people">Joseph</span> qui était originaire de <span
      class="place">Bethléem</span>, de la ville de Judas et de la cité du roi David <span class="note">La Vie de saint Joseph a été écrite en italien, par le capucin A. M. Affaituti. Gerson a composé un long poème intitulé Josephina ; il se trouve au IVe tome des œuvres de ce célèbre chancelier de l'Université parisienne (édit. de Dupin, Anvers, 1706, 5 vol. in-f°). — Voyez d'ailleurs le recueil des Bollandistes, t. III de Mars, p. 4-25 et Tillemont dans la Cité mystique de la visionnaire Marie d'Agreda, on lit que Joseph avait un siège parmi ceux des apôtres et qu'il devait juger le monde. La liste des ouvrages relatifs à saint Joseph serait fort étendue ; nous laisserons de côté ceux des jésuites Binet, Barry, Dansqueje, Reisset et Biver; le Joseph** du bénédictin Ch. Stengel (Munich, 1616), se recommande aux bibliophiles par les estampes qui raccompagnent et qui sont dues au burin de Sadeler; on cite aussi le Josephus gemma mundi de Philippe de Vliesberghe (Douay 1621), et les Tabulae eminentium S. Josephi qualitatum de Charles de Saint-Paul. (Paris, 1620). Tout ce que l’on possède de plus authentique, au sujet de saint Joseph, a été recueilli avec soin par dom Calmet, dans une dissertation spéciale.</span>
      . Il était instruit et savant dans la doctrine de la loi, et il fut fait prêtre dans le Temple du Seigneur. Il
      exerça aussi la profession de charpentier en bois, et selon l'usage de tous les hommes, il prit une épouse. Et il
      engendra d'elle des fils et des filles, savoir : quatre fils et deux filles. Et les noms des fils sont Jude, <span
        class="people">Juste</span>, <span class="people">Jacques</span> et <span class="people">Simon</span>. Les noms
      des deux filles étaient Assia et Lydia. L'épouse de Joseph le Juste mourut enfin, après avoir eu la gloire de Dieu
      pour but dans chacune de ses actions. Et Joseph, cet homme juste, mon père selon la chair, et le fiancé de <span
        class="people">Marie</span>, ma mère, travaillait avec ses fils, s'occupant de son métier de charpentier.</p>
    <p lang="en">There was a man whose name was Joseph, sprung from a family of Bethlehem, a town of Judah, and the city
      of King David. This same man, being well furnished with wisdom and learning, was made a priest in the temple of
      the Lord. He was, besides, skilful in his trade, which was that of a carpenter; and after the manner of all men,
      he married a wife. Moreover, he begot for himself sons and daughters, four sons, namely, and two daughters. Now
      these are their names — Judas, Justus, James, and Simon. The names of the two daughters were Assia and Lydia. At
      length the wife of righteous Joseph, a woman intent on the divine glory in all her works, departed this life. But
      Joseph, that righteous man, my father after the flesh, and the spouse of my mother Mary, went away with his sons
      to his trade, practising the art of a carpenter.</p>
  </li>
  <li id="3">
    <p lang="fr">Lorsque <span class="people">Joseph</span> le Juste devint veuf, <span class="people">Marie</span>, ma
      mère bénie, sainte et pure, avait accompli sa douzième année, ses parents l'avaient offerte dans le temple,
      lorsqu'elle n'avait que trois ans, et elle passa neuf ans dans le temple du Seigneur. Alors quand les prêtres
      virent que cette vierge sainte et craignant Dieu, entrait dans l'adolescence, ils parlèrent entre eux, disant :
      <q>Cherchons un homme juste et pieux auquel nous confierons <span class="people">Marie</span> jusqu'au temps des
        noces, de crainte que si elle reste dans le temple, il ne lui arrive ce à quoi les femmes sont sujettes et que
        nous ne péchions en son nom et que Dieu ne s'irrite contre nous.</q></p>
    <p lang="en">Now when righteous Joseph became a widower, my mother Mary, blessed, holy, and pure, was already twelve
      years old. For her parents offered her in the temple when she was three years of age, and she remained in the
      temple of the Lord nine years. Then when the priests saw that the virgin, holy and God-fearing, was growing up,
      they spoke to each other, saying: <q>Let us search out a man, righteous and pious, to whom Mary may be entrusted
        until the time of her marriage; lest, if she remain in the temple, it happen to her as is wont to happen to
        women, and lest on that account we sin, and God be angry with us.</q></p>
  </li>
  <li id="4">
    <p lang="fr">Et immédiatement, envoyant des messagers, ils convoquèrent douze vieillards de la tribu de Judas. Et
      ils écrivirent les noms des douze tribus d'Israël. Et le sort tomba sur un pieu vieillard, <span class="people">Joseph</span>
      le Juste. Et les prêtres dirent à ma mère bénie : <q>Va avec <span class="people">Joseph</span> el demeure avec
        lui jusqu'au temps des noces.</q> Et Joseph le Juste reçut ma mère et il la conduisit dans sa maison. Et Marie
      trouva Jacques le mineur, et il était abattu et désolé dans la maison de son père à cause de la perte de sa mère,
      et elle en prit soin. Et de la vient que Marie a été appelée la mère de Jacques. Ensuite <span class="people">Joseph</span>,
      la laissant dans sa maison, alla dans l'atelier où il exerçait la profession d'ouvrier charpentier. Et quand la
      Sainte-Vierge fut restée dans sa maison deux ans, elle accomplit sa quatorzième année.</p>
    <p lang="en">Therefore they immediately sent out, and assembled twelve old men of the tribe of Judah. And they wrote
      down the names of the twelve tribes of Israel. And the lot fell upon the pious old man, righteous Joseph. Then the
      priests answered, and said to my blessed mother: <q>Go with Joseph, and be with him till the time of your
        marriage.</q> Righteous Joseph therefore received my mother, and led her away to his own house. And Mary found
      James the Less in his father's house, broken-hearted and sad on account of the loss of his mother, and she brought
      him up. Hence Mary was called the mother of James. Luke 24:10 Thereafter Joseph left her at home, and went away to
      the shop where he wrought at his trade of a carpenter. And after the holy virgin had spent two years in his house
      her age was exactly fourteen years, including the time at which he received her.</p>
  </li>
  <li id="5">
    <p lang="fr">Je l'ai chérie d'un mouvement particulier de la volonté, avec le bon plaisir de mon Père et le conseil
      de l'Esprit-Saint. Et j'ai été incarné en elle, par un mystère qui surpasse l'intelligence de toute créature. Et
      trois mois s'étant écoulés après la conception, l'homme juste, Joseph, revint de l'endroit où il exerçait son
      métier. Et quand il reconnut que la Vierge, ma mère, était enceinte, il fut troublé dans son esprit et il songeait
      à la renvoyer en secret. Et, dans sa frayeur, sa tristesse et l'angoisse de son cœur, il ne put ni boire, ni
      manger de ce jour.</p>
    <p lang="en">And I chose her of my own will, with the concurrence of my Father, and the counsel of the Holy Spirit.
      And I was made flesh of her, by a mystery which transcends the grasp of created reason. And three months after her
      conception the righteous man Joseph returned from the place where he worked at his trade; and when he found my
      virgin mother pregnant, he was greatly perplexed, and thought of sending her away secretly. Matthew 1:19 But from
      fear, and sorrow, and the anguish of his heart, he could endure neither to eat nor drink that day.</p>
  </li>
  <li id="6">
    <p lang="fr">Mais vers le milieu du jour, le prince des anges, Gabriel, lui apparut en songe, exécutant l'ordre
      qu'il avait reçu de mon Père. Et il lui dit : <q>Joseph, le saint fils de David, ne crains point de recevoir Marie
        pour ta fiancée. Car elle a conçu de l'Esprit-Saint et elle engendrera un fils qui aura le nom de Jésus. C'est
        lui qui gouvernera toutes les nations avec un sceptre de fer.</q> L'ange, ayant ainsi parlé, s'éloigna. Et
      Joseph, se levant de son sommeil, obéit à ce que lui avait prescrit l'ange du Seigneur. Et Marie resta avec lui.
    </p>
    <p lang="en">But at midday there appeared to him in a dream the prince of the angels, the holy Gabriel, furnished
      with a command from my Father; and he said to him: <q>Joseph, son of David, fear not to take Mary as your wife:
        for she has conceived of the Holy Spirit; and she will bring forth a son, whose name shall be called Jesus. He
        is who shall rule all nations with a rod of iron.</q> Having thus spoken, the angel departed from him. And
      Joseph rose from his sleep, and did as the angel of the Lord had said to him; and Mary abode with him. Matthew
      1:20-24</p>
  </li>
  <li id="7">
    <p lang="fr">Et, quelque temps s'étant écoulé, il parut un édit de l'empereur et roi Auguste, afin que chacun sur le
      monde habitable se fît inscrire dans sa propre ville. Et le juste vieillard, Joseph, se levant, prit avec lui la
      vierge Marie et ils vinrent à Bethléem ; le moment de sa délivrance approchait. Et Joseph inscrivit son nom sur le
      registre ; car Joseph, fils de David, dont Marie était la fiancée fut de la tribu de Judas. Et ma mère Marie
      m'enfanta dans une caverne, près du sépulcre de Rachel, femme du patriarche Jacob et mère de Joseph et de
      Benjamin.</p>
    <p lang="en">Some time after that, there came forth an order from Augustus Cæsar the king, that all the habitable
      world should be enrolled, each man in his own city. The old man therefore, righteous Joseph, rose up and took the
      virgin Mary and came to Bethlehem, because the time of her bringing forth was at hand. Joseph then inscribed his
      name in the list; for Joseph the son of David, whose spouse Mary was, was of the tribe of Judah. And indeed Mary,
      my mother, brought me forth in Bethlehem, in a cave near the tomb of Rachel the wife of the patriarch Jacob, the
      mother of Joseph and Benjamin.</p>
  </li>
  <li id="8">
    <p lang="fr">Mais Satan alla et il annonça ces choses à Hérode, le grand père d'Archélaüs <span class="note">Hérode eut d'autres fils, entre autres Philippe et Antipas, entre lesquels Auguste partagea les états de leur père, mais il n'est fait mention que d'Archélaüs, sans doute parce que ce fut lui qui entra, immédiatement après la mort d'Hérode, en possession de la majeure partie du royaume de Judée.</span>
      . Et cet Hérode était celui qui ordonna de décapiter Jean, mon ami et parent. Il me fit alors chercher avec soin,
      pensant que mon royaume était de ce monde. Mais le pieux vieillard Joseph en fut averti en songe. Et se levant, il
      prit Marie, ma mère et elle m'emporta dans ses bras. Et Salomé se joignit à eux pour les accompagner dans leur
      voyage. Partant donc de sa maison, il se retira en Egypte. Et il y demeura une année entière, jusqu'à ce que le
      courroux d'Hérode se fût dissipé.</p>
    <p lang="en">But Satan went and told this to Herod the Great, the father of Archelaus. And it was this same Herod
      who ordered my friend and relative John to be beheaded. Accordingly he searched for me diligently, thinking that
      my kingdom was to be of this world. John 18:36 But Joseph, that pious old man, was warned of this by a dream.
      Therefore he rose and took Mary my mother, and I lay in her bosom. Salome also was their fellow-traveller. Having
      therefore set out from home, he retired into Egypt, and remained there the space of one whole year, until the
      hatred of Herod passed away.</p>
  </li>
  <li id="9">
    <p lang="fr"><span class="people">Hérode</span> mourut d'une façon horrible, portant la peine du sang innocent qu'il
      avait versé lorsqu'il avait fait périr injustement des enfants dans lesquels il n'y avait point de péché <span
        class="note">Plusieurs historiens racontent qu'Hérode, en proie à une fièvre lente qui lui brûlait les entrailles et couvert d'ulcères qui engendraient une multitude de vers, expira dans des douleurs atroces. Voir Josèphe, Antiquités, XVII, 8, et Guerre des Juifs, t. I, ch. 21 ; Eusèbe, Hist. eccles., I, 8 ; Prideaux, Hist, des Juifs, 1755, tom. VI, p. 233 ; la Légende dorée, etc.</span>.
      Et cet impie et tyrannique Hérode étant mort, mes parents revinrent dans la terre d'Israël. Et ils habitèrent dans
      une ville de Galilée que l'on nomme <span class="place">Nazareth</span>. <span class="people">Joseph</span>,
      reprenant sa profession de charpentier, gagnait sa vie par le travail de ses mains ; car il ne dut jamais sa
      nourriture au travail d'autrui, ainsi que l'avait prescrit la loi de <span class="people">Moïse</span>.</p>
    <p lang="en">Now Herod died by the worst form of death, atoning for the shedding of the blood of the children whom
      he wickedly cut off, though there was no sin in them. And that impious tyrant Herod being dead, they returned into
      the land of Israel, and lived in a city of Galilee which is called Nazareth. And Joseph, going back to his trade
      of a carpenter, earned his living by the work of his hands; for, as the law of Moses had commanded, he never
      sought to live for nothing by another's labour. Genesis 3:19</p>
  </li>
  <li id="10">
    <p lang="fr">Les années s'écoulaient, le vieillard s'avança grandement en âge. Il n'éprouva cependant aucune
      infirmité corporelle, la vue ne le quitta point et aucune des dents de sa bouche ne tomba. Et son esprit ne connut
      jamais un moment de délire. Mais, semblable à un enfant, il portait dans toutes ses occupations la vigueur de la
      jeunesse. Et il conservait ses membres entiers et exempts de toute douleur. Et sa vieillesse était fort avancée,
      car il avait atteint l'âge de cent onze ans.</p>
    <p lang="en">At length, by increasing years, the old man arrived at a very advanced age. He did not, however, labour
      under any bodily weakness, nor had his sight failed, nor had any tooth perished from his mouth. In mind also, for
      the whole time of his life, he never wandered; but like a boy he always in his business displayed youthful vigour,
      and his limbs remained unimpaired, and free from all pain. His life, then, in all, amounted to one hundred and
      eleven years, his old age being prolonged to the utmost limit.</p>
  </li>
  <li id="11">
    <p lang="fr"><span class="people">Juste</span> et <span class="people">Simon</span>, fils aînés de <span
      class="people">Joseph</span>, ayant pris des épouses, allèrent dans leurs familles, et ses deux filles se
      marièrent aussi et elles se retirèrent dans leurs maisons. Et il restait dans, la maison de Joseph, Jude et
      Jacques le Mineur et la vierge ma mère. Et je demeurais avec eux, comme si j'avais été un de ses fils. J'ai passé
      toute ma vie sans avoir commis aucune faute. J'appelai Marie ma mère et Joseph mon père, et je leur étais soumis
      en tout ce qu'ils prescrivaient. Et je ne leur ai jamais désobéi, mais je me conformai à leurs volontés, comme le
      font les autres hommes qui naissent sur la terre. Et je n'ai jamais provoqué leur colère, ni ne leur ai opposé une
      parole dure ou une réponse qui montrât de l'irritation. Au contraire, je leur ai témoigné un grand attachement,
      les chérissant comme la prunelle de l’œil <span class="note">Façon de parler qui se retrouve souvent dans les Écritures : voir le Deutéronome, ch. 32, v. 10; Psaume 17, V. 8: Zacharie, ch. 11, v. 11.</span>.
    </p>
    <p lang="en">Now Justus and Simeon, the elder sons of Joseph, were married, and had families of their own. Both the
      daughters were likewise married, and lived in their own houses. So there remained in Joseph's house, Judas and
      James the Less, and my virgin mother. I moreover dwelt along with them, not otherwise than if I had been one of
      his sons. But I passed all my life without fault. Mary I called my mother, and Joseph father, and I obeyed them in
      all that they said; nor did I ever contend against them, but complied with their commands, as other men whom earth
      produces are wont to do; nor did I at any time arouse their anger, or give any word or answer in opposition to
      them. On the contrary, I cherished them with great love, like the pupil of my eye.</p>
  </li>
  <li id="12">
    <p lang="fr">Il arriva ensuite que l'instant de la mort du pieux vieillard Joseph approcha et que vint le moment où
      il devait quitter ce monde comme les autres hommes qui sont assujettis à revenir à la terre. Et son corps étant
      près de sa destruction, l'ange du Seigneur lui annonça que l'heure de sa mort était proche. Alors la crainte
      s'empara de lui et son esprit tomba dans un trouble extrême. Et, se levant, il alla à Jérusalem. Et, étant entré
      dans le temple du Seigneur, et répandant des prières devant le sanctuaire, il dit :</p>
    <p lang="en">It came to pass, after these things, that the death of that old man, the pious Joseph, and his
      departure from this world, were approaching, as happens to other men who owe their origin to this earth. And as
      his body was verging on dissolution, an angel of the Lord informed him that his death was now close at hand.
      Therefore fear and great perplexity came upon him. So he rose up and went to Jerusalem; and going into the temple
      of the Lord, he poured out his prayers there before the sanctuary, and said:</p>
  </li>
  <li id="13">
    <p lang="fr"><q>Dieu ! auteur de toute consolation, Dieu de toute miséricorde et Seigneur du genre humain entier,
      Dieu de mon âme, de mon esprit et de mon corps, je t'adore en suppliant, ô mon Dieu et Seigneur ; si mes jours
      sont déjà consommés et si le temps arrive où je dois sortir de ce monde, envoie, je te le demande, le grand
      Michel, le prince de tes anges. Et qu'il demeure avec moi afin que mon âme misérable sorte de ce corps débile sans
      souffrance, sans crainte et sans impatience, car un grand épouvantement et une violente tristesse s'emparent de
      tous les corps au jour de leur mort, qu'ils soient mâles ou femelles, bêtes des champs ou des bois, qu'ils rampent
      sur la terre ou qu'ils volent dans l'air. Toutes les créatures qui sont sous le ciel et dans lesquelles est
      l'esprit de vie, sont frappées d'horreur, d'une grande crainte et d'une répugnance extrême, lorsque leurs âmes
      sortent de leurs corps. Maintenant, ô mon Dieu et Seigneur, que ton saint ange prête son assistance à mon âme et à
      mon corps, jusqu'à ce que leur séparation se soit opérée, Et que la face de l'ange, désigné pour me garder depuis
      le jour où j'ai été formé, ne se détourne pas de moi. Mais qu'il soit mon compagnon jusqu'à ce qu'il m'ait
      conduite toi. Que son visage soit pour moi plein d'allégresse et de bienveillance et qu'il m'accompagne eu paix.
      Ne permets pas que les démons dont l'esprit est formidable, s'approchent de moi sur le chemin par lequel je dois
      aller jusqu'à ce que je parvienne heureusement à toi. Et ne permets pas que les gardiens du Paradis m'en
      interdisent l'entrée. Et dévoilant mes fautes, ne m'expose pas à l'opprobre, en face de ton tribunal redoutable.
      Que les lions ne se précipitent pas sur moi. Et que les flots de la mer de feu que toute âme doit traverser ne
      submergent pas mon âme avant que je n'aie contemplé la gloire de ta divinité. O Dieu, juge très équitable qui
      jugera les mortels dans la justice et qui traitera chacun selon ses œuvres, assiste-moi dans ta miséricorde et
      éclaire ma voie pour que je parvienne à toi. Car tu es la source abondante en tous biens et la gloire pour
      l'éternité. Ainsi soit-il !</q></p>
    <p lang="en">O God! Author of all consolation, God of all compassion, and Lord of the whole human race; God of my
      soul, body, and spirit; with supplications I reverence you, O Lord and my God. If now my days are ended, and the
      time draws near when I must leave this world, send me, I beseech You, the great Michael, the prince of Your holy
      angels: let him remain with me, that my wretched soul may depart from this afflicted body without trouble, without
      terror and impatience. For great fear and intense sadness take hold of all bodies on the day of their death,
      whether it be man or woman, beast wild or tame, or whatever creeps on the ground or flies in the air. At the last
      all creatures under heaven in whom is the breath of life are struck with horror, and their souls depart from their
      bodies with strong fear and great depression. Now therefore, O Lord and my God, let Your holy angel be present
      with his help to my soul and body, until they shall be dissevered from each other. And let not the face of the
      angel, appointed my guardian from the day of my birth, be turned away from me; but may he be the companion of my
      journey even until he bring me to You: let his countenance be pleasant and gladsome to me, and let him accompany
      me in peace. And let not demons of frightful aspect come near me in the way in which I am to go, until I come to
      You in bliss. And let not the doorkeepers hinder my soul from entering paradise. And do not uncover my sins, and
      expose me to condemnation before Your terrible tribunal. Let not the lions rush in upon me; nor let the waves of
      the sea of fire overwhelm my soul— for this must every soul pass through — before I have seen the glory of Your
      Godhead. O God, most righteous Judge, who in justice and equity will judge mankind, and will render unto each one
      according to his works, O Lord and my God, I beseech You, be present to me in Your compassion, and enlighten my
      path that I may come to You; for You are a fountain overflowing with all good things, and with glory for evermore.
      Amen.</p>
  </li>
  <li id="14">
    <p lang="fr">Il arriva ensuite lorsque <span class="people">Joseph</span> revint chez lui, dans la ville de <span
      class="place">Nazareth</span> que, saisi par la maladie, il fut retenu au lit. Et le temps était venu où il devait
      mourir, ainsi que c'est le destin de tous les hommes. Et il éprouvait une vive souffrance de cette maladie, et
      c'était la première dont il eût été atteint depuis le jour de sa naissance. Et c'est ainsi qu'il avait plu au
      Christ d'ordonner les choses relatives à Joseph. Il vécut quarante ans avant de contracter mariage. Sa femme passa
      avec lui quarante-neuf ans, et quand ils furent écoulés, elle mourut. Un an après sa mort, les prêtres confièrent
      à <span class="people">Joseph</span>, ma mère, la bienheureuse Marie, afin qu'il la gardât jusqu'au temps des
      noces. Elle resta deux ans dans sa maison et la troisième année de son séjour chez Joseph, étant âgée de quinze
      ans, elle m'enfanta sur la terre par un mystère qu'aucune créature ne peut pénétrer ni comprendre, si ce n'est
      moi, mon Père et l'Esprit-Saint, constituant avec moi une unique essence.</p>
    <p lang="en">It came to pass thereafter, when he returned to his own house in the city of Nazareth, that he was
      seized by disease, and had to keep his bed. And it was at this time that he died, according to the destiny of all
      mankind. For this disease was very heavy upon him, and he had never been ill, as he now was, from the day of his
      birth. And thus assuredly it pleased Christ to order the destiny of righteous Joseph. He lived forty years
      unmarried; thereafter his wife remained under his care forty-nine years, and then died. And a year after her
      death, my mother, the blessed Mary, was entrusted to him by the priests, that he should keep her until the time of
      her marriage. She spent two years in his house; and in the third year of her stay with Joseph, in the fifteenth
      year of her age, she brought me forth on earth by a mystery which no creature can penetrate or understand, except
      myself, and my Father and the Holy Spirit, constituting one essence with myself.</p>
  </li>
  <li id="15">
    <p lang="fr">L'âge de mon père, ce vieillard juste, arriva ainsi à cent onze ans, mon père céleste l'ayant voulu. Et
      le jour auquel son âme se sépara de son corps, était le vingt-sixième jour du mois d'Abib. Il commença à perdre un
      or d'une splendeur éclatante, c'est-à-dire, son intelligence à la science. Il prit du dégoût pour les aliments et
      la boisson, et il perdit toute son habileté dans l'art de charpentier. Et il arriva le vingt-sixième jour du mois
      d'Abib que l'âme du vieillard Joseph le Juste fut inquiète pendant qu'il était en son lit. Car il ouvrit sa
      bouche, poussant des soupirs et il frappa ses mains l'une contre l'autre. Et il cria d'une voix élevée, parlant de
      cette manière :</p>
    <p lang="en">The whole age of my father, therefore, that righteous old man, was one hundred and eleven years, my
      Father in heaven having so decreed. And the day on which his soul left his body was the twenty-sixth of the month
      Abib. For now the fine gold began to lose its splendour, and the silver to be worn down by use — I mean his
      understanding and his wisdom. He also loathed food and drink, and lost all his skill in his trade of carpentry,
      nor did he any more pay attention to it. It came to pass, then, in the early dawn of the twenty-sixth day of Abib,
      that Joseph, that righteous old man, lying in his bed, was giving up his unquiet soul. Wherefore he opened his
      mouth with many sighs, and struck his hands one against the other, and with a loud voice cried out, and spoke
      after the following manner:—</p>
  </li>
  <li id="16">
    <p lang="fr"><q>Malheureux le jour auquel je suis né dans ce monde ! Malheureux le ventre qui m'a porté !
      Malheureuses les entrailles qui m'ont reçu ! Malheureuses les mamelles qui m'ont allaité ! Malheureux les pieds
      sur lesquels je me suis soutenu ! Malheureuses les mains qui m'ont porté et m'ont élevé jusqu'à ce que j'eusse
      grandi ; car j'ai été conçu dans l'iniquité et ma mère m'a engendré dans le péché. Malheur à ma langue et à mes
      lèvres car elles ont parlé et elles ont proféré des paroles de vanité, de reproche, de mensonge, d'ignorance, de
      dérision, d'instabilité et d'hypocrisie ! Malheur à mes yeux, car ils ont contemplé le scandale ! Malheur à mes
      oreilles, car elles se délectaient aux discours des calomniateurs ! Malheur à mes mains, car elles ont pris ce qui
      n'était point leur propriété ! Malheur à mon ventre et à mes intestins, car ils ont voulu une nourriture dont
      l'usage leur était interdit ! Malheur à mon gosier qui, semblable à du feu, consumait tout ce qu'il trouvait !
      Malheur à mes pieds qui ont souvent cheminé dans des voies déplaisantes à Dieu ! Malheur à mon corps et malheur à
      mon âme rebelle à Dieu, son créateur ! Que ferai-je lorsque j'arriverai à l'endroit où je dois paraître devant le
      juge de toute équité et lorsqu'il me reprochera les œuvres que j'ai accumulées. dans ma jeunesse ? Malheur à tout
      homme qui meurt dans ses péchés ! Cette heure terrible qui a déjà frappé mon père Jacques, lorsque son âme
      s'envola de son corps, la voici ! elle est proche. Oh ! qu'aujourd'hui, je suis misérable et digne de compassion.
      Mais Dieu seul est le directeur de mon âme et de mon corps ; qu'il en agisse avec eux selon son bon vouloir.</q>
    </p>
    <p lang="en">Woe to the day on which I was born into the world! Woe to the womb which bare me! Woe to the bowels
      which admitted me! Woe to the breasts which suckled me! Woe to the feet upon which I sat and rested! Woe to the
      hands which carried me and reared me until I grew up! For I was conceived in iniquity, and in sins did my mother
      desire me. Woe to my tongue and my lips, which have brought forth and spoken vanity, detraction, falsehood,
      ignorance, derision, idle tales, craft, and hypocrisy! Woe to my eyes, which have looked upon scandalous things!
      Woe to mine ears, which have delighted in the words of slanderers! Woe to my hands, which have seized what did not
      of right belong to them! Woe to my belly and my bowels, which have lusted after food unlawful to be eaten! Woe to
      my throat, which like a fire has consumed all that it found! Woe to my feet, which have too often walked in ways
      displeasing to God! Woe to my body; and woe to my miserable soul, which has already turned aside from God its
      Maker! What shall I do when I arrive at that place where I must stand before the most righteous Judge, and when He
      shall call me to account for the works which I have heaped up in my youth? Woe to every man dying in his sins!
      Assuredly that same dreadful hour, which came upon my father Jacob, Matthew 1:16 when his soul was flying forth
      from his body, is now, behold, near at hand for me. Oh! How wretched I am this day, and worthy of lamentation! But
      God alone is the disposer of my soul and body; He also will deal with them after His own good pleasure.</p>
  </li>
  <li id="17">
    <p lang="fr">Ce furent les paroles que prononça Joseph, ce juste vieillard et moi, entrant et m'approchant de lui,
      je trouvai son âme véhémentement troublée, car il était livré à une grande angoisse. Et je lui dis : <q>Salut,
        Joseph, mon père, homme juste ; comment est ta santé ?</q> Et il me répondit : <q>Je te salue maintes fois, ô
        mon fils chéri ! La douleur et la crainte de la mort m'ont déjà entouré ; mais, aussitôt que j'ai entendu ta
        voix, mon âme a connu le repos. O, <span class="people">Jésus</span> de Nazareth, <span
          class="people">Jésus</span> mon consolateur, Jésus le libérateur de mon âme, Jésus mon protecteur ! <span
          class="people">Jésus</span>, ô nom très doux dans ma bouche et pour ceux qui l'aiment ! Œil qui vois et
        oreille qui entends, exauce-moi. Moi, ton serviteur, je te vénère aujourd'hui en toute humilité, et je répands
        mes larmes devant toi. Tu es mon Dieu, tu es mon Seigneur, ainsi que l'ange me l'a annoncé bien souvent, et
        surtout en ce jour que mon âme flottait agitée en de mauvaises pensées, à cause de la pure et bénie Marie qui
        avait conçu, et que je songeais à renvoyer en secret. Et tandis que je méditais ce projet, voici que, par un
        mystère admirable, les anges du Seigneur m'apparurent pendant mon sommeil, me disant : O <span class="people">Joseph</span>,
        fils de <span class="people">David</span>, ne crains point de prendre Marie pour ta fiancée, et ne t'afflige pas
        de ce qu'elle a conçu, et ne profère pas à cet égard des paroles répréhensibles, car elle est enceinte par
        l'opération de l'Esprit-Saint, et elle engendrera un fils qui portera le nom de Jésus, et c'est lui qui
        rachètera les péchés de son peuple. Ne me reprends donc pas de ma faute, Seigneur, car j'ignorais les mystères
        de ta nativité. Je me souviens, Seigneur, du jour lorsqu'un enfant périt de la morsure d'un serpent. Ses parents
        voulaient te livrer à <span class="people">Hérode</span>, disant que tu l'avais fait mourir. Mais tu le
        ressuscitas d'entre les morts, et tu le leur rendis. Alors, m'approchant de toi, et le prenant la main, je te
        dis : <q>Mon fils, prends garde à toi.</q> Mais tu me répondis : <q>N'est-il pas mon père selon la chair ? je
          consignerai qui je sois.</q> Et maintenant, ô mon Seigneur et mon Dieu, ne t'irrite pas contre moi, et ne me
        condamne pas à cause de cette heure. Je suis ton esclave et le fils de ta servante. Toi, tu es mon Seigneur, mon
        Dieu et mon Sauveur, et très certainement le fils de Dieu.</q></p>
    <p lang="en">These are the words spoken by Joseph, that righteous old man. And I, going in beside him, found his
      soul exceedingly troubled, for he was placed in great perplexity. And I said to him: Hail! My father Joseph, you
      righteous man; how is it with you? And he answered me: All hail! My well-beloved son. Indeed, the agony and fear
      of death have already environed me; but as soon as I heard Your voice, my soul was at rest. O Jesus of Nazareth!
      Jesus, my Saviour! Jesus, the deliverer of my soul! Jesus, my protector! Jesus! O sweetest name in my mouth, and
      in the mouth of all those that love it! O eye which sees, and ear which hears, hear me! I am Your servant; this
      day I most humbly reverence You, and before Your face I pour out my tears. You are altogether my God; You are my
      Lord, as the angel has told me times without number, and especially on that day when my soul was driven about with
      perverse thoughts about the pure and blessed Mary, who was carrying You in her womb, and whom I was thinking of
      secretly sending away. And while I was thus meditating, behold, there appeared to me in my rest angels of the
      Lord, saying to me in a wonderful mystery: O Joseph, you son of David, fear not to take Mary as your wife; and do
      not grieve your soul, nor speak unbecoming words of her conception, because she is with child of the Holy Spirit,
      and shall bring forth a son, whose name shall be called Jesus, for He shall save His people from their sins. Do
      not for this cause wish me evil, O Lord! For I was ignorant of the mystery of Your birth. I call to mind also, my
      Lord, that day when the boy died of the bite of the serpent. And his relations wished to deliver You to Herod,
      saying that You had killed him; but You raised him from the dead, and restore him to them. Then I went up to You,
      and took hold of Your hand, saying: My son, take care of yourself. But You said to me in reply: Are you not my
      father after the flesh? I shall teach you who I am. Now therefore, O Lord and my God, do not be angry with me, or
      condemn me on account of that hour. I am Your servant, and the son of Your handmaiden; but You are my Lord, my God
      and Saviour, most surely the Son of God.</p>
  </li>
  <li id="18">
    <p lang="fr">Lorsque mon père <span class="people">Joseph</span> eut ainsi parlé, il ne put pleurer davantage. Et je
      vis que la mort le dominait déjà. Et ma mère, la Vierge sans tache, se levant et rapprochant de moi, dit : <q>O
        mon fils chéri, ce pieux vieillard, Joseph, va trépasser.</q> Et je lui répondis : <q>O ma mère bien-aimée,
        cette même nécessité de mourir a été imposée à toutes les créatures qui naissent en ce monde, car la mort a
        obtenu son droit assuré sur tout le genre humain. Et toi, ma mère, et tout le reste des êtres humains, vous
        devez vous attendre à voir se terminer votre vie. Mais ta mort, ainsi que la mort de ce pieux vieillard, n'est
        point une mort, mais une entrée dans la vie qui est éternelle et qui ne connaît point de fin. Et le corps que
        j'ai reçu de toi est également sujet à la mort. Mais lève-toi, ma mère, digne de toute vénération, et
        approche-toi de <span class="people">Joseph</span>, ce vieillard béni, afin que tu voies ce qui arrivera au
        moment où son âme se séparera de son corps.</q></p>
    <p lang="en">When my father Joseph had thus spoken, he was unable to weep more. And I saw that death now had
      dominion over him. And my mother, virgin undefiled, rose and came to me, saying: O my beloved son, this pious old
      man Joseph is now dying. And I answered: Oh my dearest mother, assuredly upon all creatures produced in this world
      the same necessity of death lies; for death holds sway over the whole human race. Even you, O my virgin mother,
      must look for the same end of life as other mortals. And yet your death, as also the death of this pious man, is
      not death, but life enduring to eternity. Nay more, even I must die, as concerns the body which I have received
      from you. But rise, O my venerable mother, and go in to Joseph, that blessed old man, in order that you may see
      what will happen as his soul ascends from his body.</p>
  </li>
  <li id="19">
    <p lang="fr">Et <span class="people">Marie</span>, ma mère sans tache, alla donc, et elle entra dans l'endroit où
      était <span class="people">Joseph</span>, et j'étais assis à ses pieds, le regardant les signes de la mort
      apparaissaient déjà sur son visage. Et ce bienheureux vieillard, levant la tête, me regarda en fixant sur moi les
      yeux. Mais il n'avait nullement la force de parler, à cause de la douleur de la mort qui le tenait enveloppé, et
      il poussait de grands soupirs. Et je tins ses mains durant l'espace d'une heure entière. Et lui, ayant tourné son
      visage vers moi, me faisait signe de ne point l'abandonner. Ayant ensuite posé ma main sur sa poitrine, je pris
      son âme, déjà près de sa gorge, et au moment de sortir de sa retraite.</p>
    <p lang="en">My undefiled mother Mary, therefore, went and entered the place where Joseph was. And I was sitting at
      his feet looking at him, for the signs of death already appeared in his countenance. And that blessed old man
      raised his head, and kept his eyes fixed on my face; but he had no power of speaking to me, on account of the
      agonies of death, which held him in their grasp. But he kept fetching many sighs. And I held his hands for a whole
      hour; and he turned his face to me, and made signs for me not to leave him. Thereafter I put my hand upon his
      breast, and perceived his soul now near his throat, preparing to depart from its receptacle.</p>
  </li>
  <li id="20">
    <p lang="fr">Quand ma mère, toujours vierge, vit que je touchais le corps de <span class="people">Joseph</span>,
      elle lui toucha les pieds. Et les trouvant déjà privés de vie et refroidis, elle me dit : <q>O mon cher fils, ses
        pieds commencent déjà à se refroidir, et ils sont froids comme la neige.</q> Ayant ensuite réuni ses fils et ses
      filles, elle leur dit : <q>Venez, tous tant que vous êtes, et approchez de votre père, car il est certainement
        arrivé à son dernier moment.</q> Et <span class="people">Assia</span>, fille de <span
        class="people">Joseph</span>, répondit : <q>Malheur à moi, ô mes frères, car c'est la même maladie dont est
        morte notre mère bien-aimée.</q> Elle pleurait et poussait des cris de douleur, et tous les autres enfants de
      Joseph répandirent aussi des larmes. Et moi, et <span
        class="people">Marie</span>, ma mère, nous pleurions avec eux.</p>
    <p lang="en">And when my virgin mother saw me touching his body, she also touched his feet. And finding them already
      dead and destitute of heat, she said to me: O my beloved son, assuredly his feet are already beginning to stiffen,
      and they are as cold as snow. Accordingly she summoned his sons and daughters, and said to them: Come, as many as
      there are of you, and go to your father; for assuredly he is now at the very point of death. And Assia, his
      daughter, answered and said: Woe's me, O my brothers, this is certainly the same disease that my beloved mother
      died of. And she lamented and shed tears; and all Joseph's other children mourned along with her. I also, and my
      mother Mary, wept along with them.</p>
  </li>
  <li id="21">
    <p lang="fr">Et me retournant vers le midi, je vis la mort qui s'approchait, et avec elle toutes les puissances de
      l'abîme, leurs armées et leurs satellites. Et leurs vêtements, leurs bouches et leurs visages jetaient du feu.
      Quand mon père Joseph les vit venir à lui, ses yeux furent inondés de larmes, Et, en même temps, il gémit d'une
      manière extraordinaire. Alors, voyant la violence de ses soupirs, je repoussai la mort et toute la foule de ses
      ministres dont elle était accompagnée, et j'invoquai mon père miséricordieux, disant :</p>
    <p lang="en">And turning my eyes towards the region of the south, I saw Death already approaching, and all Gehenna
      with him, closely attended by his army and his satellites; and their clothes, their faces, and their mouths poured
      forth flames. And when my father Joseph saw them coming straight to him, his eyes dissolved in tears, and at the
      same time he groaned after a strange manner. Accordingly, when I saw the vehemence of his sighs, I drove back
      Death and all the host of servants which accompanied him. And I called upon my good Father, saying:—</p>
  </li>
  <li id="22">
    <p lang="fr"><q>O père de toute clémence, œil qui vois et oreille qui entends! écoute mes supplications et mes
      prières pour le vieillard Joseph, et envoie Michel, le prince de tes anges, et Gabriel, le héraut de la lumière,
      et toute la lumière de tes anges, et que tout leur ordre chemine avec l'âme de mon père Joseph jusqu'à ce qu'ils
      te l'aient amenée. Voici l'heure où mon père a besoin de miséricorde. Et je vous dis que tous les saints, bien
      plus tous les hommes qui naîtront dans ce monde, qu'ils soient justes ou pervers, doivent nécessairement goûter la
      mort.</q> <span class="note">On trouve dans saint Mathieu (ch. XVI, 28), cette même expression énergique : non gustabunt mortem ; il en est fait usage dans une ancienne traduction latine du Coran : omnis anima gustabit mortem.</span>
    </p>
    <p lang="en">O Father of all mercy, eye which see, and ear which hear, hearken to my prayers and supplications in
      behalf of the old man Joseph; and send Michael, the prince of Your angels, and Gabriel, the herald of light, and
      all the light of Your angels, and let their whole array walk with the soul of my father Joseph, until they shall
      have conducted it to You. This is the hour in which my father has need of compassion. And I say unto you, that all
      the saints, yea, as many men as are born in the world, whether they be just or whether they be perverse, must of
      necessity taste of death.</p>
  </li>
  <li id="23">
    <p lang="fr">Michel et Gabriel vinrent donc vers l'âme de mon père <span class="people">Joseph</span>. Et l'ayant
      prise, ils la plièrent dans un linceul éclatant. Il rendit ainsi l'esprit dans les mains de mon père le
      miséricordieux, et la paix lui fut accordée, et aucun de ses enfants ne sut qu'il s'était endormi. Mais les anges
      préservèrent son âme des démons de ténèbres qui étaient sur la route, et ils louèrent Dieu, jusqu'à ce qu'ils
      l'eurent conduite au lieu qu'habitent les justes.</p>
    <p lang="en">Therefore Michael and Gabriel came to the soul of my father Joseph, and took it, and wrapped it in a
      shining wrapper. Thus he committed his spirit into the hands of my good Father, and He bestowed upon him peace.
      But as yet none of his children knew that he had fallen asleep. And the angels preserved his soul from the demons
      of darkness which were in the way, and praised God even until they conducted it into the dwelling-place of the
      pious.</p>
  </li>
  <li id="24">
    <p lang="fr">Son corps resta étendu et sans couleur. Car, ayant approché mes mains de ses yeux, je les avais
      fermés ; j'avais fermé sa bouche, et j'avais dit à la vierge <span class="people">Marie</span> : <q>O ma mère, où
        est l'art auquel il s'est consacré pendant tout le temps qu'il a vécu en ce monde ? Il a péri avec lui, et il
        est comme s'il n'avait jamais existé.</q> Quand les enfants de <span class="people">Joseph</span> entendirent
      que je parlais avec ma mère, la Vierge sans tache, ils connurent qu'il avait expiré, et, versant des larmes, ils
      poussèrent des cris de douleur. Et je leur dis : <q>La mort de votre père n'est pas la mort, mais la vie
        éternelle. Car, délivré des tribulations de ce siècle, il est entré dans le repos éternel qui ne connaît point
        de fin.</q> Et quand ils entendirent ces paroles, ils déchirèrent leurs vêtements en pleurant.</p>
    <p lang="en">Now his body was lying prostrate and bloodless; wherefore I reached forth my hand, and put right his
      eyes and shut his mouth, and said to the virgin Mary: O my mother, where is the skill which he showed in all the
      time that he lived in this world? Lo! It has perished, as if it had never existed. And when his children heard me
      speaking with my mother, the pure virgin, they knew that he had already breathed his last, and they shed tears,
      and lamented. But I said to them: Assuredly the death of your father is not death, but life everlasting: for he
      has been freed from the troubles of this life, and has passed to perpetual and everlasting rest. When they heard
      these words, they rent their clothes, and wept.</p>
  </li>
  <li id="25">
    <p lang="fr">Et quelques habitants de la ville de Nazareth et des gens de toute la Galilée, sachant leur désolation,
      vinrent à eux, et ils pleurèrent depuis la troisième jusqu'à la neuvième heure. Et, à la neuvième heure, ils
      allèrent tous à la chambre de Joseph, et ils emportèrent son corps, après l'avoir frotté de parfums précieux. Moi,
      j'adressais ma prière à mon père céleste, et cette prière est celle que j'écrivis de ma main avant que je ne fusse
      dans le sein de la vierge Marie, ma mère. Et dès que je l'eus finie, et que j'eus dit amen, une grande multitude
      d'anges apparut, et j'ordonnai à deux d'entre eux d'étendre une étoffe éclatante, et d'envelopper le corps de
      Joseph, le vieillard béni.</p>
    <p lang="en">And, indeed, the inhabitants of Nazareth and of Galilee, having heard of their lamentation, flocked to
      them, and wept from the third hour even to the ninth. And at the ninth hour they all went together to Joseph's
      bed. And they lifted his body, after they had anointed it with costly ointments. But I entreated my Father in the
      prayer of the celestials — that same prayer which with my own hand I made before I was carried in the womb of the
      virgin Mary, my mother. And as soon as I had finished it, and pronounced the amen, a great multitude of angels
      came up; and I ordered two of them to stretch out their shining garments, and to wrap in them the body of Joseph,
      the blessed old man.</p>
  </li>
  <li id="26">
    <p lang="fr">Et, m'approchant de <span class="people">Joseph</span>, je dis : <q>L'odeur de la mort et la puanteur
      ne domineront point en toi, et nul ver ne sortira de ton corps. Aucun de tes membres ne sera brisé, ni aucun
      cheveu arraché de ta tête, et il ne périra aucune portion de ton corps, mon père Joseph, mais il restera entier et
      sans corruption jusqu'au festin de mille ans. Et tout mortel qui aura eu soin de faire ses offrandes au jour de ta
      commémoration, je le bénirai et je le rétribuerai dans l'assemblée des vierges Et quiconque aura donné de la
      nourriture aux indigents, aux pauvres, aux veuves et aux orphelins, leur distribuant le fruit du travail de ses
      mains Te jour que l'on célèbre ta mémoire, et en ton nom, il ne sera point dénué de biens durant tous les jours de
      sa vie. Quiconque aura donné en ton nom à une veuve ou à un orphelin un verre d'eau pour se désaltérer, je lui
      accorderai que tu partages avec lui le banquet des mille ans. Et tout homme qui aura soin de faire ses offrandes
      le jour de ta commémoration, je le bénirai et je le lui rendrai dans l'assemblée des vierges <span class="note">Une légère correction de lettres
        substituerait dans le texte arabe le mot d'hommes pieux à celui de vierges. Il faut cependant remarquer que
        dans plusieurs passages de l'Écriture, cette dernière expression désigne les fidèles (Psalm. XLV. 15 ; Math. XXV. 1 ; Apocal. XIV. 4.)</span>,
      et je lui rendrai trente, soixante et cent pour un. Et quiconque retracera l'histoire de ta vie, de tes épreuves
      et de ta séparation du monde, et ce discours sorti de ma bouche, je le confierai à ta garde, tant qu'il demeurera
      en cette vie. Lorsque son âme désertera son corps, et qu'il lui faudra quitter ce monde, je brûlerai le livre de
      ses péchés <span class="note">Ce livre, dans lequel sont écrits les péchés des hommes, est une tradition rabbinique et musulmane. Il sera apporté au jour du jugement et compulsé par l'ange Gabriel, à ce qu'assurent les commentateurs du Coran.
      Ce serait une recherche curieuse, mais qui nous entraînerait trop loin, d'examiner quelles ont été les images sous lesquelles l'art chrétien a représenté l'âme. La plupart des Pères l'ont regardée comme une substance complètement incorporelle, et cependant quelques docteurs lui attribuaient volontiers une forme. Le vulgaire lui donna toujours un corps. Dans une foule de bas-reliefs, de peintures, elle est représentée sous l'aspect d'une petite figure humaine, et les hagiographes abondent en récits relatifs à des bienheureux dont on voit l'âme monter au ciel. Parfois elle s'envole sous la forme d'une colombe.
<i lang="lat">In figure de colomb volut a ciel</i>, dit un cantique roman. Voir Prudence, hymne IX, et les passages des Acta sanctorum, qu'indique M. E. du Meril. (Poésies populaires latines du moyen-âge, p. 319).
Quant aux soins que prend l'archange Michel de l'âme de <span class="people">Joseph</span>, nous remarquerons que l'auteur de l'Évangile que nous traduisons s'est conformé à des traditions répandues de son temps. « Les rabbins (dit M. Alfred Maury, Revue archéologique, t. I, p. 105), admettaient que saint Michel présente à Dieu les âmes des justes. (Voir Targum. in Cantic. IV, 12, et Resbith Chochmach, c. 3), et les Juifs lisent encore dans la prière pour les morts, appelée Tsiddouk Haddin, c'est-à-dire justification du jugement : L'archange Michel ouvrira les portes du sanctuaire, il offrira ton âme en sacrifice devant Dieu. L'ange libérateur sera de compagnie avec lui jusqu'aux portes de Temple où est Israël. »</span>,
      et je ne le tourmenterai d'aucun supplice au jour du jugement <span class="note">Le jour du jugement est aussi appelé par les écrivains Arabes, le jour de la rémunération, le jour de la discrétion, le jour de la séparation, le jour de la pondération, le jour de la vengeance. Il doit durer mille ans et même cinquante mille, selon quelques traditions musulmanes.
Il existe un ouvrage fort singulier du père Hyacinthe Lefebure, intitulé : Traité du Jugement dernier, ou Procez criminel des réprouvez, accusez, jugés et condamnez de Dieu, selon les formalitez de la justice, contenant l'ordre et la forme de procéder, juger et condamner en matière criminelle, selon les lois divines, canoniques et civiles, (Paris, 1671, 4°) M. Alfred Maury dans ses Recherches sur l’origine des représentations figurées de la psychostasie, (Revue archéologique, t. I, p. 248), a donné une idée fort exacte de ce livre étrange dédié au chancelier de France, Pierre Séguier. « L'auteur décrit minutieusement toutes les formes du jugement dernier, tout comme il l'eût fait dans un traité de procédure criminelle. Les différentes phases du jugement sont ponctuellement suivies depuis la dénonciation, l'audition des accusateurs des parties plaignantes, jusqu'à la citation, l'information, la consultation. On y trouve tout, l'emprisonnement des réprouvés, l'interrogatoire, le récolement et la confrontation des témoins, l'extrait du procès- criminel fait par les rapporteurs, la liste des juges qui composent le tribunal ; en un mot, le père Hyacinthe Lefebure s'est attaché à nous initier aux plus légers détails de ce jugement terrible. »</span>
      ; mais il traversera la mer de feu, et il la franchira sans douleur et sans obstacle ; tel ne sera' point le sort
      de tout homme avide et dur qui n'accomplira pas ce que j'ai prescrit. Et celui auquel il naîtra un fils, et qui
      lui donnera le nom de Joseph, n'aura point de part à l'indigence, ni à la mort qui ne finit point.</q></p>
    <p lang="en">And I spoke to Joseph, and said: The smell or corruption of death shall not have dominion over you, nor
      shall a worm ever come forth from your body. Not a single limb of it shall be broken, nor shall any hair on your
      head be changed. Nothing of your body shall perish, O my father Joseph, but it will remain entire and uncorrupted
      even until the banquet of the thousand years. And whosoever shall make an offering on the day of your remembrance,
      him will I bless and recompense in the congregation of the virgins; and whosoever shall give food to the wretched,
      the poor, the widows, and orphans from the work of his hands, on the day on which your memory shall be celebrated,
      and in your name, shall not be in want of good things all the days of his life. And whosoever shall have given a
      cup of water, or of wine, to drink to the widow or orphan in your name, I will give him to you, that you may go in
      with him to the banquet of the thousand years. And every man who shall present an offering on the day of your
      commemoration will I bless and recompense in the church of the virgins: for one I will render unto him thirty,
      sixty, and a hundred. And whosoever shall write the history of your life, of your labour, and your departure from
      this world, and this narrative that has issued from my mouth, him shall I commit to your keeping as long as he
      shall have to do with this life. And when his soul departs from the body, and when he must leave this world, I
      will burn the book of his sins, nor will I torment him with any punishment in the day of judgment; but he shall
      cross the sea of flames, and shall go through it without trouble or pain. And upon every poor man who can give
      none of those things which I have mentioned this is incumbent: viz., if a son is born to him, he shall call his
      name Joseph. So there shall not take place in that house either poverty or any sudden death forever.</p>
  </li>
  <li id="27">
    <p lang="fr">Les principaux habitants de la ville se réunirent ensuite dans le lieu où était placé le corps du saint
      vieillard <span class="people">Joseph</span>. Et, apportant avec eux des bandes d'étoffes, ils voulurent
      l'envelopper selon l'usage répandu parmi les Juifs. Mais ils trouvèrent que son linceul tenait à son corps si
      fortement que, lorsqu'ils cherchèrent à l'enlever, il resta sans pouvoir être déplacé, et il avait la dureté du
      fer, et ils ne purent trouver en ce linceul aucune couture qui en indiquât les extrémités ; ce qui les remplit
      d'un grand étonnement. Enfin, ils le portèrent auprès de la caverne, et ils ouvrirent la porte afin, de placer son
      corps avec ceux de ses pères <span class="note">Les Hébreux plaçaient les corps des défunts dans des cavernes et dans des caveaux taillés dans le roc et que fermaient des portes d'une confection très-soignée. Consultez à cet égard les curieuses planches du savant ouvrage de J. Nicolaï (Leyde, 1706, 4°) de sepulchris Hebrœorum</span>.
      Alors, il me revint à l'esprit le jour où il cheminait avec moi vers l'Egypte, et je songeai à toutes les peines
      qu'il avait supportées à cause de moi, et je pleurai sa mort beaucoup de temps. Et, me penchant sur son corps, je
      dis :</p>
    <p lang="en">Thereafter the chief men of the city came together to the place where the body of the blessed old man
      Joseph had been laid, bringing with them burial-clothes; and they wished to wrap it up in them after the manner in
      which the Jews are wont to arrange their dead bodies. And they perceived that he kept his shroud fast; for it
      adhered to the body in such a way, that when they wished to take it off, it was found to be like iron — impossible
      to be moved or loosened. Nor could they find any ends in that piece of linen, which struck them with the greatest
      astonishment. At length they carried him out to a place where there was a cave, and opened the gate, that they
      might bury his body beside the bodies of his fathers. Then there came into my mind the day on which he walked with
      me into Egypt, and that extreme trouble which he endured on my account. Accordingly, I bewailed his death for a
      long time; and lying upon his body, I said:—</p>
  </li>
  <li id="28">
    <p lang="fr"><q>O mort qui fais évanouir toute science et qui excite tant de larmes et tant de cris de douleur,
      certes, c'est Dieu, mon père, qui t'a accordé cette puissance. Les hommes périssent à cause de la désobéissance
      d'Adam et de sa femme <span class="people">Êve</span>, et la mort n'épargne aucun d'eux. Mais nul ne peut être ôté
      de ce monde sans la permission de mon père. Il y a eu des hommes dont la vie s'est prolongée jusqu'à neuf cents
      ans : mais ils ne sont plus. Et quelque longue qu'ait été la carrière de, certains d'entre eux, tous ont succombé,
      et aucun d'eux n'a jamais dit : <q>Je n'ai pas goûté la mort.</q> Et il a plu à mon père d'infliger cette peine à
      l'homme, et aussitôt que la mort a vu quel commandement lui venait du ciel, elle a dit : <q>J'irai contre l'homme,
        et je ferai autour de lui un grand ébranlement.</q> <span class="people">Adam</span> ne s'étant point soumis à
      la volonté de mon père, et ayant transgressé ses ordres, mon père, courroucé contre lui, l’a livré à la mort, et
      c'est ainsi que la mort est entrée en ce monde. Si <span class="people">Adam</span> avait observé les ordres de
      mon père, la mort n'aurait jamais eu d'empire sur lui. Pensez-vous que je ne pourrai pas demander à mon père de
      m'envoyer un char de feu pour recevoir le corps de mon père Joseph, et le transporter dans un séjour de repos où
      il habite avec les saints ? Mais cette angoisse et cette punition de la mort est descendue sur tout le genre
      humain à cause de la prévarication d'<span class="people">Adam</span>. Et, c'est pour ce motif, que je dois mourir
      selon la chair, non à cause de mes œuvres, mais pour que les hommes que j'ai créés obtiennent la grâce.</q></p>
    <p lang="en">O Death! Who makes all knowledge to vanish away, and raises so many tears and lamentations, surely it
      is God my Father Himself who has granted you this power. For men die for the transgression of Adam and his wife
      Eve, and Death spares not so much as one. Nevertheless, nothing happens to any one, or is brought upon him,
      without the command of my Father. There have certainly been men who have prolonged their life even to nine hundred
      years; but they died. Yea, though some of them have lived longer, they have, notwithstanding, succumbed to the
      same fate; nor has any one of them ever said: I have not tasted death. For the Lord never sends the same
      punishment more than once, since it has pleased my Father to bring it upon men. And at the very moment when it,
      going forth, beholds the command descending to it from heaven, it says: I will go forth against that man, and will
      greatly move him. Then, without delay, it makes an onset on the soul, and obtains the mastery of it, doing with it
      whatever it will. For, because Adam did not the will of my Father, but transgressed His commandment, the wrath of
      my Father was kindled against him, and He doomed him to death; and thus it was that death came into the world. But
      if Adam had observed my Father's precepts, death would never have fallen to his lot. Think you that I can ask my
      good Father to send me a chariot of fire, 2 Kings 2:11 which may take up the body of my father Joseph, and convey
      it to the place of rest, in order that it may dwell with the spirits? But on account of the transgression of Adam,
      that trouble and violence of death has descended upon all the human race. And it is for this cause that I must die
      according to the flesh, for my work which I have created, that they may obtain grace.</p>
  </li>
  <li id="29">
    <p lang="fr">Ayant dit ces paroles, j'embrassai le corps de mon père Joseph, et je pleurai sur lui. Les autres
      ouvrirent la porte du sépulcre, et ils déposèrent son corps à côté du corps de son père <span class="people">Jacques</span>.
      Et lorsqu'il s'endormit, il avait accompli cent onze ans ; et il n'eut jamais aucune dent qui lui occasionna de la
      douleur dans la bouche, et ses yeux conservèrent toute leur pénétration ; sa taille ne se courba point, et ses
      forces ne diminuèrent pas. Mais il s'occupa de sa profession d'ouvrier en bois jusqu'au dernier jour de sa vie. Et
      ce jour fut le vingt-sixième du mois d'Abib.</p>
    <p lang="en">Having thus spoken, I embraced the body of my father Joseph, and wept over it; and they opened the door
      of the tomb, and placed his body in it, near the body of his father Jacob. And at the time when he fell asleep he
      had fulfilled a hundred and eleven years. Never did a tooth in his mouth hurt him, nor was his eyesight rendered
      less sharp, nor his body bent, nor his strength impaired; but he worked at his trade of a carpenter to the very
      last day of his life; and that was the six-and-twentieth of the month Abib.</p>
  </li>
  <li id="30">
    <p lang="fr">Nous les apôtres, quand nous eûmes entendu notre Sauveur, nous nous levâmes remplis d'allégresse, et
      lui ayant rendu hommage en nous inclinant profondément, nous dîmes : <q>O notre Sauveur, tu nous as fait une
        grande grâce, car nous avons entendu des paroles de vie.</q> Mais nous sommes surpris du sort d'Enoch et d'Élie,
      car ils n'ont pas été sujets à la mort <span class="note">La question de l'assomption d'Enoch et d'Élie exigerait une trop longue discussion, si nous voulions rapporter les opinions des divers docteurs à cet égard. Quant à Enoch, nous renverrons au Codex pseudepigraphvs vet. Test. de Fabricius, t. I, p. 160-223, à une dissertation de dom Calmet, reproduite avec quelques changements dans la Bible de Vence (T. I. p. 366-384, édit de 1779) et à l'introduction dont M. A. Pichard a fait précéder sa traduction du Livre d'Enoch sur l'Amitié (p. 21-32, Paris, 1838. 8°). Nous en dirons aussi quelques mots dans une de nos notes sur l’Évangile de Nicodème, et nous ajouterons que dans les écrits de quelques alchimistes, on trouve le récit d'un voyage que fait Alexandre le Grand à la montagne du Paradis ; il y rencontre un vieillard couché sur un lit d'or massif; c'est Enoch ; « avant que l'eau du déluge ne couvrit la terre dit le patriarche au conquérant, je connaissais tes actions. » Le livre connu sous le nom d'Enoch et dont le texte éthiopien nous a été conservé, paraît avoir été composé ou retouché par quelque sabéen ; les géants y sont représentés comme ayant une stature de trois cents coudées ; une pierre énorme supporte les quatre coins de la terre et six montagnes formées de pierres précieuses, brûlent nuit et jour, au sud du monde que nous habitons. Dans cet amas de rêveries, il règne une poésie obscure, sombre et grandiose; reflet de celle de l’Apocalypse, elle est un nouveau témoin de cette préoccupation d'une autre vie, de cette foi à l'inconnu, à l'invisible dont la littérature de tous les pays et de tous les peuples porte des traces si remarquables</span>.
      Ils habitent la demeure des justes jusqu'au jour présent, et leurs corps n'ont point vu la corruption. Et ce
      vieillard <span class="people">Joseph</span>, le charpentier, était ton père selon la chair. Tu nous as ordonné
      d'aller dans le monde entier prêcher le saint Évangile, et tu as dit : <q>Annoncez-leur la mort de mon père
        Joseph, et célébrez, par une sainte solennité, le jour consacré à sa fête. Quiconque retranchera quelque chose
        de ce discours, ou y ajoutera quelque chose, il commettra un péché.</q> Nous sommes aussi dans la surprise de ce
      que <span class="people">Joseph</span>, depuis le jour que tu es né à <span
        class="place">Bethléem</span>, t'ai appelé son fils selon la chair. Pourquoi donc ne l'as-tu pas rendu immortel
      ainsi que le sont <span class="people">Enoch</span> et <span class="people">Élie</span> ! Et tu dis qu'il fut
      juste et élu.</p>
    <p lang="en">And we apostles, when we heard these things from our Saviour, rose up joyfully, and prostrated
      ourselves in honour of Him, and said: O our Saviour, show us Your grace. Now indeed we have heard the word of
      life: nevertheless we wonder, O our Saviour, at the fate of Enoch and Elias, inasmuch as they had not to undergo
      death. For truly they dwell in the habitation of the righteous even to the present day, nor have their bodies seen
      corruption. Yet that old man Joseph the carpenter was, nevertheless, Your father after the flesh. And You have
      ordered us to go into all the world and preach the holy Gospel; and You have said: Relate to them the death of my
      father Joseph, and celebrate to him with annual solemnity a festival and sacred day. And whosoever shall take
      anything away from this narrative, or add anything to it, commits sin. Revelation 22:18-19 We wonder especially
      that Joseph, even from that day on which You were born in Bethlehem, called You his son after the flesh.
      Wherefore, then, did You not make him immortal as well as them, and You say that he was righteous and chosen?</p>
  </li>
  <li id="31">
    <p lang="fr">Notre Sauveur répondit et dit : <q>La prophétie de mon père s'est accomplie sur Adam à cause de sa
      désobéissance, et toutes choses s'accomplissent selon la volonté de mon père. Si l'homme transgresse les préceptes
      de Dieu, et s'il accomplit les œuvres du diable en commettant le péché, son âge s'accomplit ; il est conservé en
      vie pour qu'il puisse faire pénitence et éviter d'être remis aux mains de la mort. S'il s'est appliqué aux bonnes
      œuvres, l'espace de sa vie est prolongé, afin que la renommée de sa vieillesse s'accroissant, les justes imitent
      son exemple. Lorsque vous voyez un homme dont l'esprit est prompt à se mettre en colère, ses jours seront abrégés,
      car ce sont ceux qui sont enlevés à la fleur de leur âge. Toute prophétie que mon père a prononcée touchant les
      fils des hommes, doit s'accomplir en chaque chose. Et pour ce qui concerne Enoch et Élie, ils sont encore en vie
      aujourd'hui, gardant les mêmes corps avec lesquels ils sont nés. Et, quant à mon père Joseph, il ne lui a pas été
      donné, comme à eux, de rester en son corps ; et quand même un homme aurait vécu beaucoup de myriades d'années sur
      cette terre, il serait pourtant forcé d'échanger la vie contre la mort. Et je vous dis, ô mes frères, qu'il
      fallait qu'<span class="people">Enoch</span> et <span class="people">Élie</span> revinssent en ce monde à la fin
      des temps, et qu'ils perdissent la vie dans le jour des épouvantements, de l'angoisse, de l'affliction et de la
      grande commotion ; car l'Antéchrist <span class="note">On formerait une bibliothèque assez considérable en réunissant les divers ouvrages auxquels l'Antéchrist a donné lieu. Citons d'abord l'in-folio du jésuite Malvenda, trois fois réimprimé en 1603, 1691,1647, et le Traité de l'Antéchrist, par Daneau, Genevève, 1577. Grataroli, l'un des plus célèbres médecins du XVIe siècle, a également consacré un long ouvrage à ce personnage mystérieux. Des diverses idées émises sur sa naissance, une des plus singulières est celle d'un rabbin qui le fait naître dans le pays d'Edom du commerce d un diable avec la statue de marbre d'une vierge.
Les bibliophiles recherchent fort un Traicté de l’advenement de l’Antéchrist, sorti <time>1592</time> des presses d'Ant. Vérard, le plus célèbre des typographes parisiens du XVe siècle. Il existe, parmi les débris du vieux théâtre, une Farce de l’Antéchrist et des trois femmes ; l'ennemi de Dieu n'intervient dans une querelle de balles que pour recevoir des coups de bâton et pour s'enfuir.
De <time>1676/1702</time>, il y eut une vive controverse entre deux théologiens d'alors, Malot et Rondet ; le premier
        annonça l'apparition de l'Antéchrist pour l'an 1849, l'autre la recula jusqu'à l’année 1860. Ce mésaccord de onze années occasionna un certain nombre de brochures qui n'ont pas aujourd'hui beaucoup de lecteurs.
Parmi les rares monuments de l'art dramatique au milieu de (a période la plus obscure de l'histoire des lettres en Europe, parmi ces pieuses compositions latines antérieures aux mystères, il en est une dont l'Antéchrist est le héros. Le titre seul de cette pièce (ludus paschalis) indique qu'elle était destinée à être jouée lors de la fête de Pâques. Le bénédictin Bernard Pez la trouva dans un manuscrit de l'abbaye de Tegernsée ; il Ta publiée dans son Thesaurus anecdotorum, tome II, part. 2, page 187. Donnons ici une courte analyse de ce drame à peu près inconnu ; il nous apprendra ce qu'était au XIIe siècle une de ces représentation» dont se rehaussait la solennité d'une grande fête.
L'action se passe dans le temple du Seigneur ; le roi des Francs, le roi des Grecs, le roi de Babylone prennent place sur leurs sièges ; surviennent successivement la synagogue accompagnée d'un collège de Juifs, le roi des Romains escorté d'un gros de soldats, le Pape suivi de son clergé, l’Église sous les traits d'une femme d'une stature imposante, ayant à sa droite la Miséricorde tenant un flacon d'huile, à sa gauche, la Justice munie d'une balance et d'une épée. Chacun prend place en chantant. Le roi des Romains envoie des députés à tous les autres monarques, afin qu'ils viennent lui rendre hommage, car, remarque-t-il judicieusement :
<span lang="lat">Sicut scripta tradunt historiographorum, Totus mundas fuerat fiscus Romanorum.</span>
Chaque roi se soumet, excepté celui de Babylone ; il en résulte une grande bataille ; le roi des Romains est vainqueur. Arrive alors l'Antéchrist armé de pied en cap ; l'Hérésie et l'Hypocrisie l'accompagnent. Les hypocrites le reçoivent avec empressement, ils mettent son trône dans le temple, ils battent l'Église et la chassent. Tous les rois viennent s'incliner devant lui, excepté celui d'Allemagne. Pour convaincre celui-ci de son pouvoir, l'Antéchrist guérit un lépreux, un boiteux, il ressuscite un soi-disant mort; le roi lui rend hommage, ainsi que la synagogue. Arrivent les prophètes; ils le taxent d'imposteur, la synagogue se repent; elle s'écrie :
<span lang="lat">Nos erroris pœnitet, ad Fidem convertimur. Quidquid nobis inferet persecutor, patimur.</span>
L'Antéchrist la fait tuer, et, tout bouffi d'orgueil, il réunit autour de lui les rois, il leur dit :
<span lang="lat">Haec mea gloria quam diu praedixere. Qua fruentur mecum quicumque meruere,</span>
À ces mots, il se fait entendre un grand bruit sur la tête de l’Antéchrist ; il tombe comme foudroyé ; ses sectateurs s'enfuient et l'Eglise triomphante se met à chanter : <span
          lang="lat">Ecce homo qui non posuit Deum adjutorem suum. Ego autem sicut oliva fructifera in domo Dei. </span>
Tel est le jeu de <span lang="lat">adventu et interitu Antechristi</span> ; nous n'avons pas été fâché de le citer comme un échantillon d'après lequel on peut se former une idée assez juste de ce qu'était l'art dramatique à l'époque qui précéda les croisades, et nous espérons qu'on nous pardonnera cette digression.</span>
      tuera quatre corps, et il répandra le sang comme de l'eau, à cause de l'opprobre auquel ils doivent l'exposer, et
      de l'ignominie dont, vivants, ils le frapperont lorsque son impiété sera découverte.</q></p>
    <p lang="en">And our Saviour answered and said: Indeed, the prophecy of my Father upon Adam, for his disobedience,
      has now been fulfilled. And all things are arranged according to the will and pleasure of my Father. For if a man
      rejects the commandment of God, and follows the works of the devil by committing sin, his life is prolonged; for
      he is preserved in order that he may perhaps repent, and reflect that he must be delivered into the hands of
      death. But if any one has been zealous of good works, his life also is prolonged, that, as the fame of his old age
      increases, upright men may imitate him. But when you see a man whose mind is prone to anger, assuredly his days
      are shortened; for it is these that are taken away in the flower of their age. Every prophecy, therefore, which my
      Father has pronounced concerning the sons of men, must be fulfilled in every particular. But with reference to
      Enoch and Elias, and how they remain alive to this day, keeping the same bodies with which they were born; and as
      to what concerns my father Joseph, who has not been allowed as well as they to remain in the body: indeed, though
      a man live in the world many myriads of years, nevertheless at some time or other he is compelled to exchange life
      for death. And I say to you, O my brethren, that they also, Enoch and Elias, Revelation 11:3-12 must towards the
      end of time return into the world and die — in the day, namely, of commotion, of terror, of perplexity, and
      affliction. For Antichrist will slay four bodies, and will pour out their blood like water, because of the
      reproach to which they shall expose him, and the ignominy with which they, in their lifetime, shall brand him when
      they reveal his impiety.</p>
  </li>
  <li id="32">
    <p lang="fr">Et nous dîmes : <q>O Notre Seigneur, Dieu et Sauveur ! quels sont ces quatre que tu as dit que
      l'Antéchrist devait faire périr, parce qu’ils s’élèveraient contre lui ?</q> Et le Sauveur répondit : <q>Ce sont
      Enoch, Élie, Schila et Tabitha.</q> Lorsque nous entendîmes les paroles de notre Sauveur, nous nous réjouîmes et
      nous nous livrâmes à l'allégresse, et nous offrîmes toute gloire et action de grâce à Notre Seigneur, Dieu et
      Sauveur <span class="people">Jésus</span>-Christ C'est à lui que sont dus gloire, honneur, dignité, domination,
      naissance et louange, ainsi qu'au Père miséricordieux avec lui et au Saint-Esprit, vivifiant maintenant et dans
      tous les temps et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il <span class="note">Nous plaçons ici le fragment traduit par M. Dulaurier et dont nous avons déjà parlé précédemment. « En comparant le récit de l’écrivain arabe avec ceux de l'auteur copié, remarque fort judicieusement le traducteur, on se convaincra que l'ouvrage du premier n'est qu'une traduction abrégée de l'original égyptien. Cette composition se rattache trop évidemment par le fond des idées aux doctrines théosophiques dont l'Egypte fut la patrie, et par son style à ce caractère de simplicité qui est propre à la langue copte pour qu'il soit possible de supposer que l'original n'ait pas été écrit en cet idiome et qu'il ait eu le jour ailleurs que sur les bords du Nil. »
Telle est la vie de Joseph, mon père chéri. Ce ne fut qu'à l'âge de quarante ans qu'il prit une femme ; il vécut avec elle neuf ans. Après qu'il l'eut perdue, il resta deux ans dans la viduité. Ma mère en passa deux avec lui, depuis qu'il l'eut choisie pour sa compagne. Il lui avait été ordonné par les prêtres de la conserver intacte jusqu'à l'époque de la célébration de leur mariage. Ma mère me donna le jour au commencement de la troisième année qu'elle habitait la maison de mon père, et le quinzième de son âge. Elle me mit au monde dans une caverne qu'il est défendu de révéler, et qu'il est impossible de trouver; il n'est aucun homme au monde qui la connaisse, si ce n'est moi, mon Père et le Saint-Esprit.
Les années de la vie de mon père Joseph, dont la vieillesse fût bénie, sont au nombre de cents-onze. Suivant la
        volonté de mon père, le jour de sa mort arriva le 26 du mois d'Épiphi.
« Joseph, (Notice de Zoëga) malade à Nazareth, est plongé dans la terreur et le chagrin : il déplore ses péchés. Jésus arrive pour le consoler ; Joseph lui adresse ses prières, l'appelle son Seigneur, vrai Roi, Sauveur, Rédempteur, Dieu véritable et parfait, le supplie de lui pardonner la pensée qu'il avait eue un jour de renvoyer sa mère de chez lui, jusqu'à ce qu'un ange lui eût assuré qu'elle avait conçu du Saint-Esprit; il le prie aussi d'oublier qu'une fois, dans son enfance, il l'avait saisi par les oreilles, parce qu'il avait ressuscité un enfant mort de la piqûre d'un céraste, et cela pour lui apprendre qu'il devait s'abstenir de toute action propre à lui attirer l'envie. A ces mots, Jésus pleura en pensant à l'amertume de sa mort, au jour où les Juifs doivent rattacher à la croix pour le salut de tous les hommes. Bientôt après il appelle sa mère, et ils s'asseyent ensemble, Jésus auprès de la tête de son père, et Marie à ses pieds. Il appelle aussi tous les fils et les filles de Joseph, et dans leur nombre, Lysia leur aînée, ouvrière en pourpre : tous pleurent sur leur père expirant. »
Ayant alors tourné mes regards vers la partie méridionale de la porte, j'aperçus l’Amentès qui était accouru de ce côté, c'est-à-dire le diable instigateur et artificieux de tous les temps. Je vis aussi une multitude de Décans, monstres aux formes variées, revêtus d'une armure de feu, si nombreux, qu'il eût été impossible de les compter, et vomissant du soufre et de la fumée par la bouche. Dès que mon père Joseph eut jeté les yeux sur ces êtres épouvantables, qui étaient venus auprès de lui, il les aperçut terribles comme lorsque la colère et la fureur les animaient contre une âme qui vient de quitter son corps, surtout si c'est celle d'un pécheur dans laquelle ils ont trouvé la marque qui caractérise leur sceau. Mon père, à la vieillesse vénérable, en apercevant ces monstres autour de lui, fut saisi d'épouvante, et ses yeux laissèrent couler des larmes. Son âme voulut se réfugier dans des ténèbres épaisses ; et, cherchant un lieu pour se cacher, elle ne le trouva point Dès que je vis que le trouble s'était ainsi emparé de l'âme de mon père, et que ses regards ne tombaient que sur des spectres aux formes les plus diverses et d'un aspect hideux, je m'avançai pour gourmander celui qui était l'organe du diable, ainsi que les légions infernales qui étaient accourues avec lui : elles s'enfuirent aussitôt à ma voix dans le plus grand désordre ; mais aucun de ceux qui étaient rassemblés autour de mon père n'eut connaissance de ce qui venait de se passer, non plus que ma mère Marie. Dès que la Mort eut été témoin de la manière sévère dont j'avais traité les puissances des ténèbres qui formaient son cortège ; dès qu'elle eut vu que je les avais mises en fuite, et qu'aucune d'elles n'était restée auprès de mon père Joseph, saisie de crainte à son tour, elle s'enfuit, et alla chercher un asile derrière la porte. J'adressai alors à mon Père bon une prière conçue en ces termes :
« O mon père, toi qui es la source de toute bonté, toi l’auteur de toute vérité, l'œil qui voit tout, l'oreille qui entend tout, écoute ton fils unique ; exauce-moi : je t'implore pour une de tes créatures, pour mon père Joseph. Fais descendre vers moi un de tes grands chérubins, accompagné du chœur des anges, de Michel le dispensateur des biens, de Gabriel, celui de tes Eons resplendissants,[4] qui est chargé de tes heureux messages ; qu'ils viennent prendre soin de l'âme de mon père, qu'ils la guident vers toi jusqu'à ce qu'elle ait traversé les sept Éons de ténèbres, et qu'elle ait dépassé les voûtes obscures qui inspirent tant d'effroi, et où l’on a le spectacle de châtiments dont la vue inspire l'horreur ; que le fleuve de feu coule semblable à de l'eau, que la mer aux ondes furieuses cesse d'être agitée, que ses flots deviennent tranquilles pour l'âme de mon père Joseph; car c'est maintenant que la miséricorde lui est nécessaire. » Je vous le dis à vous, qui êtes les saintes parties de moi-même, ô mes apôtres bénis, que tout homme qui est venu dans ce monde a connu le bien et le mal ; et, tant que dure sa vie, quelque grand qu'il soit à ses propres yeux, lorsqu'il est près de sa fin, il a besoin de la compassion de mon Père céleste à l'heure de sa mort, à celle du voyage qui la suit, et au moment où il doit rendre ses comptes devant le tribunal redoutable. Mais je veillerai sur les derniers moments de mon père Joseph, aux souvenirs si purs. Lorsque j'eus dit Amen, ma mère le répéta, après moi en un langage céleste, et aussitôt Michel et Gabriel, et le chœur de» anges, descendirent du ciel, et se tinrent sur le corps de mon père Joseph. On entendit alors retentir sur lui des plaintes et des gémissements, et je connus que sa dernière heure était arrivée. Il éprouva des douleurs semblables à celles d'une femme en mal d'enfant La souffrance le tourmentait aussi fort qu'un vent violent et qu'un feu ardent qui dévore de nombreux aliments. Quant à la Mort, la crainte ne lui avait pas permis d'entrer peur se placer sur le corps de mon père Joseph, et pour opérer la fatale séparation, parce qu'en dirigeant ses regards dans, l'intérieur de la maison, elle m'avait aperçu assis auprès de sa tête et incliné sur ses tempes. Dès que je vis qu'elle hésitait à entrer par suite de la frayeur que je lui inspirai», je franchis le seuil de la porte, et je la trouvai là, seule, et toute tremblante. Alors, m'adressant à elle ; « O toi, lui dis-je, qui es accourue des parties méridionales, entre promptement, et accomplis les ordres que t'a donnés mon Père. Aie soin surtout de mon père Joseph, comme tu conserverais la lumière qui éclaire tes yeux ; car c'est à lui à qui je dois la vie suivant la chair, et il a eu souvent à supporter des tribulations pour moi pendant mon enfance, fuyant d'un lieu dans un autre pour éviter les embûches d'Hérode; j'ai reçu de lui des instructions comme tous les enfants en reçoivent de leurs parents pour leur utilité. » En ce moment Abbaton entra, et prenant l'âme de mon père Joseph, il la retira du corps qu'elle avait animé. C'était à l'heure où le soleil est prêt à se montrer sur l'horizon, le 26 du mois Épiphi, en paix. La vie entière de mon père Joseph a été de cent onze ans. Après quoi, Michel saisit les deux bouts d'un tapis de soie d'un grand prix, Gabriel prit les deux autres extrémités, et, embrassant de leurs étreintes l'âme de mon père Joseph, ils la placèrent dans ce tapis. Personne de ceux qui siégeaient auprès du mourant ne s'aperçut qu'il avait cessé de vivre, non-plus que ma mère Marie. Je prescrivis alors à Gabriel et à Michel de veiller sur l'âme de mon père Joseph, et de la défendre des monstres ravissants qui allaient se trouver sur son passage. J'ordonnai aussi aux anges incorporels de la précéder en chantant des hymnes, jusqu'au moment où ils l’auraient conduite dans les cieux auprès de mon Père bon.</span>.
    </p>
    <p lang="fr">And we said: O our Lord, our God and Saviour, who are those four whom You have said Antichrist will cut
      off from the reproach they bring upon him? The Lord answered: They are Enoch, Elias, Schila, and Tabitha. When we
      heard this from our Saviour, we rejoiced and exulted; and we offered all glory and thanksgiving to the Lord God,
      and our Saviour Jesus Christ. He it is to whom is due glory, honour, dignity, dominion, power, and praise, as well
      as to the good Father with Him, and to the Holy Spirit that gives life, henceforth and in all time for evermore.
      Amen.</p>
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