people/p/PayanGilbert/index.html
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<p>Polytechnicien (X <time>1948</time>), ex <abbr title="Ingénieur Général de l'Armement">IGA</abbr>.</p>
<p>À partir de <time>1976</time> Payan sert d'intermédiaire entre le gouvernement, les militaires et le <a
href="/org/eu/fr/cnes/index.html">CNES</a>, <a href="/org/eu/fr/cnrs">CNRS</a> travaillant sur des projets pouvant
intéresser la défense. Selon <span class="people">Christian Perrin de Brichambaut</span>, Payan aurait contrôlé le
livre de <span class="people">Jean-Claude Bourret</span>, <i>Ovnis, la science avance</i>, du début à la fin.</p>
<p>Membre fondateur de l'<a href="https://www.etca.fr/clp/Page_d_accueil/Adhesion/Statuts/body_statuts.html">Association
pour la promotion des Lasers de puissance</a>.
</p>
<p>Cependant, <span class="people">Maurice Viton</span> est là. Fort des directives que lui adresse <span class="place">Jean-Pierre Petit</span>
de sa chambre, il parvient grâce à l'appareil à annihiler la vague créée par l'étrave d'une maquette de 7 mm de
diamètre, placée dans un courant d'eau acidulée. <time>1977</time> le <a
href="/org/eu/fr/cnes/gepan/index.html">GEPAN</a> est créé et suite à ces premiers résultats, son directeur <span
class="people">Claude Poher</span> fait une bourde réclame à haute voix à leurs organismes de tutelle l'affectation
officielle de <span class="people">Viton</span> et <span class="people">Petit</span> à des recherches consacrées aux
ovnis. Il devient rapidement clair, pour la petite bande de scientifiques du <a href="/org/eu/fr/cnrs">CNRS</a>
intéressés par l'étude des ovnis, que le sujet est très mal vu par l'organisme. Certains d'entre eux, menacés de
sanctions par leur direction scientifique, sont contraints à l'abandon. Ils doivent rapidement prendre leurs distances
avec le <a
href="/org/eu/fr/cnes/gepan/index.html">GEPAN</a>. À cette époque <span class="people">Poher</span>, qui connaît
Payan, lui demande d'intervenir. Alors président d'une commission "Mécanique" au Ministère de la Recherche, mais aussi
directeur du service d'Études des Recherches de la puissante société française <i>Creusot-Loire</i>, Payan semble être
prêt à se mettre en quatre <q>pour que les choses avancent</q>. Les ovnis, comme la manip d'annihilation de la vague
d'étrave, le passionnent. Comme il est devenu déjà évident que Petit et ses amis n'auront aucune chance d'obtenir un
sou pour des recherches liées aux ovnis, quelles qu'elles soient, il lui dit, dans sa chambre d'hôpital de la Ciotat :
<q>Ne pourriez-vous pas appeler cela autrement, banaliser ces recherches ?</q> <q>J'y ai réfléchi</q>, répond Petit,
<q>En mettant la soucoupe dans un carter, on pourrait peut-être en faire une pompe à vide <a
href="/science/discipline/hard/nat/mat/phys/MHD.html">MHD</a>.</q> <q>Va pour la pompe à vide. Faites-moi un projet
de contrat</q>, répond Payan. Cette année <time>1977</time>, un contrat du Ministère de l'Industrie leur permet
alors de bénéficier d'une enveloppe de 200000 FF.
</p>
<p>Comme il fallait fournir quelques moyens de recherche à <span class="people">Petit</span>, Payan lui obtient un
contrat d'étude d'une "pompe à vide <a href="/science/discipline/hard/nat/mat/phys/MHD.html">MHD</a>", fourni par le
Ministère de l'Industrie. Des subsides qui permettront un dégrossissage des problèmes de la <a
href="/science/discipline/hard/nat/mat/phys/MHD.html">MHD</a> dans les gaz, toujours dans une cave, et se solderont
par quelques publications scientifiques. <time>1979</time>, ce pactole est épuisé. <a
href="../PetitJeanPierre/index.html">Petit</a> contacte alors <span class="people">Alain Esterle</span>, en
proposant ses idées de <a href="/science/discipline/hard/nat/mat/phys/MHD.html">MHD</a>. Il adresse au <a
href="/org/eu/fr/cnes/gepan/index.html">GEPAN</a> un rapport de 200 pages, intitulé <em>perspectives en
magnétohydrodynamique</em>, contenant une masse d'idées "brutes". Selon le témoignage de Payan, le général
Rouvillois, un polytechnicien, ingénieur militaire, qui a fait SupAéro avec <span class="people">Petit</span>, au
titre de son "école d'application", entre à cette époque, enthousiaste, dans le bureau du général Carpentier,
directeur de la DRET, en brandissant ce rapport et en disant : <q>Maintenant que nous avons les idées de <span
class="people">Petit</span>, pourquoi nous embarrasser de lui ?</q></p>
<p>Mais Payan juge que l'affaire n'est pas mûre. Le <a href="/org/eu/fr/cnes/index.html">CNES</a> embauche alors un
jeune chercheur, <span class="people">Bernard Zappoli</span> (docteur ès sciences, mécanicien des fluides et élève de
<a href="../PetitJeanPierre/index.html">Petit</a>) pour s'occuper, à Toulouse, de recherches de <a
href="/science/discipline/hard/nat/mat/phys/MHD.html">MHD</a>. Confiant dans les compétences dont se réclame <span
class="people">Zappoli</span> (qui en fait n'a jamais effectué le moindre travail en <a
href="/science/discipline/hard/nat/mat/phys/MHD.html">MHD</a>), <span class="people">Esterle</span> passe contrat
avec 2 laboratoires de Toulouse, dépendant du <a href="/org/eu/fr/dn/onera/cert/index.html">CERT</a>, dont le <a
href="/org/eu/fr/dn/onera/cert/dermo">DERMO</a>, dirigé à l'époque par le professeur Thourel, très lié avec l'armée,
pour tenter de concrétiser une des idées trouvées dans le rapport fourni par <span
class="people">Petit</span>. Il s'agit de l'extension, dans un gaz froid, du thème de la suppression du sillage
turbulent, réussie par <span class="people">Petit</span> <time>1976</time> dans des expériences d'hydraulique. Payan
patronne, dans l'ombre, ce nouveau projet.
</p>
<p>La fonctionnalité du <a href="/org/eu/fr/cnes/gepan/index.html">GEPAN</a> se dégage maintenant clairement, en tant
que structure destinée à capter les idées et les travaux scientifiques issus du secteur civil, pour aller ensuite
fertiliser la recherche militaire. Cela, Payan le sait, dès le départ, alors que <span class="people">Petit</span>,
qui l'ignore, mettra des années à le comprendre. Mais après le scandale déclenché par l'initiative d'<span
class="people">Esterle</span>, le <a
href="/org/eu/fr/cnes/gepan/index.html">GEPAN</a> n'a plus de raison d'être et disparaît. Soucieux de ne pas voir se
rééditer une telle mésaventure, le <a
href="/org/eu/fr/cnes/index.html">CNES</a> a d'ailleurs soigneusement limité la marge de manœuvre du <a
href="/org/eu/fr/cnes/sepra/index.html">SEPRA</a>, dont la tâche doit désormais se limiter aux enquêtes et à
l'archivage des données.
</p>
<p>Mais le chercheur <span class="people">Petit</span> ne semble pas être un client très fiable pour les militaires.
C'est un esprit original, foncièrement indépendant, que son ancien patron, à l'Institut de Mécanique des Fluides de
Marseille, Jacques Valensi, avait vainement essayé de le mettre au pas, assez brutalement, d'ailleurs (voir "Enquête
sur les OVNI", pages 28 à 34). Depuis, il n'a plus "ni dieu, ni maître", aucun de ses directeurs de recherche
successifs n'ayant été capable de le suivre dans des recherches théoriques chaque année plus pointues. Enfin, le
comble : il a fait partie, une unique année, mais une année de trop, du parti communiste français (juste après <time>1968</time>
!). Il a gardé des liens avec Vélikhov et Golubev, pionniers de la <a
href="/science/discipline/hard/nat/mat/phys/MHD.html">MHD</a> russe (Vélikhov deviendra plus tard vice-président de
l'Académie des Sciences d'Union Soviétique et bras droit de Gorbatchev). Idéaliste, poète, aventurier, il est jugé
incontrôlable et on décide de le manipuler. À cette fin Payan prend contact avec lui. À l'époque, cet homme à
casquettes interchangeables, qui a l'art, en toutes circonstances, pour se présenter comme "l'homme de la situation",
est directeur des Études et Recherche à Creusot-Loire et président de la commission de mécanique de la <abbr title="délégation générale à la recherche
scientifique et technique">DGRST</abbr>, un service dépendant du Ministère de l'Industrie).
</p>
<p>Depuis le grand cafouillage <a href="/org/eu/fr/cnes">CNES</a>, et la disparition du GEPAN, Payan est retourné dans
l'ombre, qu'il affectionne. Le contrôle des activités de Petit par l'armée est assuré en continu par son propre
directeur de recherche, <span class="people">René Pellat</span> (qui deviendra plus tard président du CNES, un des
membres du conseil scientifique du <a href="/org/eu/fr/cnes/gepan">GEPAN</a>. Actuellement, <span class="people">Pellat</span>
s'occupe du projet de "simulateur", axé sur la fusion par <a
href="../../../LASER.html">laser</a>, censé prendre le relais des expériences nucléaires interrompues à Mururoa).
</p>
<p>En parallèle, Combarnous monte un projet de recherche, dans laquelle la DRET s'impose aussitôt en tant que partenaire
incontournable. Un programme de recherche expérimentale est mis sur pied. Un laboratoire de l'université de Rouen,
celui du professeur Valentin, bénéficiera d'un double contrat MRT (Ministère de la Recherche et de la
Technologie)+DRET pour effectuer l'expérience de MHD entièrement calculée dans la thèse de Lebrun, sur une soufflerie
à rafale chaude, la même qui, <time>1967</time>, avait permis d'obtenu des vitesses de sortie de tuyère de 8000 mètres
par seconde. Mais au moment où ce projet est mis sur pied, Petit a la désagréable surprise de retrouver sur sa route,
une fois de plus, Payan, qui "coordonne" une fois de plus les opérations, à la demande d'Hubert Curien, devenu entre
temps ministre. Le marché est alors posé : Petit devra diriger les recherches, mais sans figurer sur les contrats et
rapports de recherche <span class="source">Petit: Enquête sur les OVNI, p. 109</span>. La bourse de son étudiant
arrivant à son terme "ce dernier devra se trouver un emploi dans le privé".
</p>
<p>Les Rouennais ne sont pas idiots. Claude Thénard, maître de conférence, responsable scientifique en titre sur ce
contrat, sait qu'il ne possède aucune expérience en MHD, ni même sur le gaz ionisé. Valentin transmet à la DRET les
conditions posées par Petit. Celle-ci provoque une réunion, à Rouen, où elle envoie ses experts, ainsi que
l'incontournable Payan. Un ingénieur militaire présent résume la situation à la serpe ...
</p>
<p>Ayant toujours négligé les avertissements réitérés de Petit, Payan recommande la poursuite du projet de Rouen <span
class="source">Petit: Enquête sur les ovnis, pp. 116-118</span>. Mais Thénard se plante. Ses tuyères <a
href="/science/discipline/hard/nat/mat/phys/MHD.html">MHD</a> explosent les unes après les autres. Payan, qui est
alors affecté à un poste dépendant du Ministère de la Recherche et de l'Industrie, est mis en "retraite anticipée", à
55 ans.
</p>
<p>Payan s'est trompé. Même avec "des aides extérieures" l'équipe rouennaise ne parvient pas à mener l'opération
"annihilation d'onde de choc" à son terme. L'armée voit Petit, qui se recycle activement en cosmologie théorique, lui
échapper, avec son précieux savoir-faire en MHD. Elle réclame au CNRS, dont la direction a été totalement renouvelée,
la mise à disposition de Petit. Dans cette optique la Direction Générale demande à James Lequeux, alors directeur de
son laboratoire d'affectation, l'observatoire de Marseille, véritable "refuge", un rapport que celui-ci lui adresse :
</p>
<p>Lors d'une nouvelle visite à Paris, Petit se rend à l'entreprise de Dubosquet, en traversant une nouvelle fois ce
vaste hall. Des supports de tourelle de chars sont toujours en usinage. Cette fois, c'est le bras droit du patron qui
l'accueille :
</p>
<blockquote><p>- Hier, nous avons eu la visite d'une personne qui vous tient en grande estime et qui a longuement parlé
de vous avec le patron, monsieur P. </p></blockquote>
<p>Et voilà.... Après Toulouse, Rouen, l'histoire se rééditait. L'argent que fournissait si généreusement Dubosquet ne
venait sans doute pas de sa société, mais d'un financement en sous-main, Payan ayant servi d'intermédiaire, une fois
de plus.
</p>
<p>Tout ceci nous éclaire donc sur la première finalité du <a href="/org/eu/fr/cnes/gepan">GEPAN</a> et de ses
collaborateurs (Payan, par exemple) : capter l'information scientifique et technique, grâce à cette structure-tampon,
pour récupérer celle-ci au bénéfice de la recherche militaire. Si Petit n'avait pas repéré les supports de tourelles
de char en usinage, si Lebrun n'avait pas laissé passer cette unique chance de poursuivre ses recherches à Pau, si le
bras droit de Dubosquet n'avait pas inconsidérément mangé le morceau, ces deux-là seraient peut-être encore
aujourd'hui en train de travailler pour l'armée, sans le savoir.
</p>
<p>Mais soudain, vers 10 heures, la surprise de choc. Payan, toujours lui, apparut à la porte du café, venu sans doute
donner ses dernières instructions à "ses troupes". Selon <span class="people">Petit</span>, dès qu'il l'aurait aperçu,
il aurait fait demi-tour et détalé comme un lapin. Si oui, que diable cet homme était-il venu faire juste avant cette
émission ?</p>
<p>Une partie de ces travaux sont financés par le Ministère de l'Industrie, via un contrat d'étude de <i>Pompe à vide <a
href="/science/discipline/hard/nat/mat/phys/MHD.html">MHD</a></i> que Payan obtient pour <span
class="people">Petit</span> <time>1978</time>.</p>
<p>Cependant <time>1979</time>, ces premiers fonds sont épuisés. Petit contacte alors le <a
href="/org/eu/fr/cnes/gepan/index.html">GEPAN</a>, en proposant ses idées de <a
href="/science/discipline/hard/nat/mat/phys/MHD.html">MHD</a>. Il lui adresse un rapport de 200 pages, intitulé <em>Perspectives
en magnétohydrodynamique</em>, contenant une masse d'idées "brutes". Selon le témoignage de Payan, le général
Rouvillois, un polytechnicien, ingénieur militaire, qui a fait SupAéro avec Petit, au titre de son "école
d'application", entre à cette époque, enthousiaste, dans le bureau du général Carpentier, directeur de la <a
href="/org/eu/fr/dn/DRET.html">DRET</a>, en brandissant ce rapport et en disant : <q>Maintenant que nous avons les
idées de Petit, pourquoi nous embarrasser de lui ?</q></p>
<p>On peut se demander comment de tels amateurs ont pu conduire le <a href="/org/eu/fr/cnes/index.html">CNES</a> dans
une aventure aussi lamentable. Mais à l'époque il n'y a personne de compétent en <a
href="/science/discipline/hard/nat/mat/phys/MHD.html">MHD</a>, ni au <a href="/org/eu/fr/cnes/index.html">CNES</a>,
ni sans doute au sein de la recherche militaire elle-même. N'oublions pas que la France est restée hors-jeu pendant
plus de 10 années, Petit ayant été le seul à poursuivre des recherches dans ses caves successives. La fonctionnalité
du <a href="/org/eu/fr/cnes/gepan/index.html">GEPAN</a> se dégage maintenant clairement, en tant que structure
destinée à capter les idées et les travaux scientifiques issus du secteur civil, pour aller ensuite fertiliser la
recherche militaire. Cela, Payan le sait, dès le départ, alors que Petit, qui l'ignore, mettra des années à le
comprendre. Mais après le scandale déclenché par l'initiative d'<span class="people">Esterle</span>, le <a
href="/org/eu/fr/cnes/gepan/index.html">GEPAN</a> n'a plus de raison d'être et disparaît. Soucieux de ne pas voir se
rééditer une telle mésaventure, le <a href="/org/eu/fr/cnes/index.html">CNES</a> a d'ailleurs soigneusement limité la
marge de manœuvre du <a href="/org/eu/fr/cnes/sepra/index.html">SEPRA</a>, dont la tâche doit désormais se limiter aux
enquêtes et à l'archivage des données.
</p>
<p><strong>Sources</strong> :</p>
<ul>
<li><span class="source">[Incroyable & Scientifique n° 13, juin-Juillet
1997, p. 73]</span></li>
</ul>
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