time/1/9/8/7/ZeteticRuminationsOnSkepticismAndAnomaliesInScience/index_fr.html
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<title>Ruminations zététiques sur le scepticisme et les anomalies en Science</title>
<meta name="author" content="Truzzi, Marcello">
<meta name="copyright" content="Zetetic Scholar, n° 12/13, 7-20">
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<section>
<h2>A propos du zététisme</h2>
<p>Lorsque j'ai adopté pour la 1ʳᵉ fois le terme de zététique pour trouver un nom original à une lettre d'information
privée traitant des perspectives scientifiques sur les anomalies, j'ai pensé que ce terme archaïque serait
susceptible d'éviter la controverse. C'était il y a 11 ans de cela et était principalement le résultat de ma
recherche d'un terme pour remplacer le titre d'origine, <em>Explorations</em>, à propos duquel certains de mes
lecteurs objectaient qu'il avait déjà été adopté par d'autres publications. La signification dans le dictionnaire de
zététique était simplement "investigation sceptique", et la dernière utilisation moderne du terme avait été celle de
la <em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Flat_Earth_Society">Société de la Terre Plate</a></em> au <a
href="../../../../8">19ème siècle</a>. Mais ce qui commença comme un qualificatif non controversé émergea
bientôt dans mon esprit comme peut-être le qualificatif le plus controversé de tous. Par chance — certains diront
synchronicité — je suis tombé sur quelque chose de maintenant très significatif pour moi, car j'ai trouvé en
cherchant le terme qu'il décrit et forme à la fois bien mon orientation actuelle face aux anomalies.
</p>
<p> Le terme zététique (à la fois un nom et un adjectif) fut appliqué pour la 1ʳᵉ fois aux disciples du philosophe
skeptique grec <a href="/people/p/Pyrrho">Pyrrhon de Ellis</a> (ca. 365-275 B.C.). <a href="/people/p/Pyrrho">Pyrrhon</a>
préconisait la suspension du jugement sur les faits, que nous devrions <q>être sans croyances, désenclins à adopter
une position ou une autre, et ferme dans cette attitude</q> <span class="source">Stough, C. L., 1969. <em>Greek
Skepticism: A Study in Epistemology</em>. Berkeley: University of California Press,: 26 n. 23</span>. Mais, comme
Richard H. Popkin l'a remarqué, le pyrrhonisme ne devrait pas être confondu avec le scepticisme académique qui émane
des déclarations de <span class="people">Socrate</span> selon lesquelles <q>Toute ce que je sais, c'est que je ne
sais rien</q>, le point de vue selon lequel aucune connaissance ne peut être certaine. Les zététiciens adoptent
une position plus modérée. Comme Popkin le met en avant dans son histoire du scepticisme :
</p>
<blockquote>
<p>Les pyrrhoniens considéraient que les dogmatiques et les académiques affirmaient trop, un groupe disant "Quelque
peut être connu", et l'autre disant que "Rien ne peut être connu". Au lieu de cela, les pyrrhoniens proposaient de
suspendre le jugement sur toutes les questions sur lesquelles il semblait y avoir des éléments contradictoires, y
compris la question de savoir si quelque chose peut être ou non connu... Les sceptiques pyrrhoniens ont essayé
d'éviter se s'impliquer sur toutes sortes de guestions, y compris celle de savoir sur leurs arguments étaient
bons. Le scepticisme pour eux était une capacité, ou attitude mentale, à opposer les éléments pour et contre sur
toute question qui n'était pas évidente, de sorte qu'on devait suspendre son jugement sur la question... Le
scepticisme était un remède à la maladie nommée Dogmatisme ou témérité. Mais contrairement au scepticisme
académique, qui arrivait à une conclusion négative à partir de ses doutes, le scepticisme pyrrhonien ne faisait
pas de telle affirmation, disant simplement que le scepticisme est une purge éliminant tout y compris lui-même. Le
pyrrhonien, alors, vit de manière non dogmatique, suivant ses inclinaisons naturelles, les apparences dont il est
conscient, et les lois et coutumes de sa société, sans jamais s'impliquer lui-même dans aucun jugement sur elles <span class="source">Popkin, Richard H., 1979. <em>The History of Skepticism from Erasmus to Spinoza</em>. Berkeley: University of California Press: xv</span>.
</p>
</blockquote>
<p> En bon zététicien, je reste incertain quant à l'exactitude ultime de cette perspective, mais en tant que
scientifique au travail, je trouve que sa fonction pratique d'éviter le dogmatisme est des plus précieuses.
C'est-à-dire que cette orientation est heuristique en ce qu'elle met l'accent sur les questions plutôt que les
réponses. Elle correspond à ce que Gunter <span class="source">Gunter, Peter A.Y., 1980. "The History of Science: Warts and all", Southwestern Journal of Philosophy, 11, 7-24</span>
a appelé la science de "Livre d'histoires" (si ce n'est celle réellement pratiquée) tandis qu'elle évite de
confondre les buts de la <a href="/science/methode">méthode scientifique</a> avec le contenu sustantif actuel de la
<a href="/science">science</a>. Mais peut-être plus important que tout, je trouve cette forme de scepticisme
congruente avec le faillabilisme des philosophies modernes de la <a href="/science">science</a> et avec l'injonction
de Charles Sanders Peirce que le premier devoir du scientifique-philosophe est de ne rien faire qui puisse bloquer
la recherche <span class="source">Peirce, Charles Sanders, 1966. "The First Rule of Reason", in C. Hartshorne and P. Weiss, editors,<em>
Collected Papers of Charles Sanders Peirce, Vol. 1: Principles of Philosophy</em>, Cambridge, Mass.: Harvard University Press: 56</span>.
</p>
<p> Malheureusement, le terme "sceptique" aujourd'hui est utilisé par nombre de ceux qui adoptent ce qualificatif pour
eux-mêmes de manière trompeuse. Pour beaucoup, il est faussement équivalent avec le terme de "rationaliste". La
signification du terme dans le dictionnaire indique qu'un sceptique est celui qui lève des doutes. Ainsi le mot vise
à refléter la non-croyance plutôt que la négation. Mais lorsque nous regardons ceux qui trompettent être sceptiques
face aux affirmations d'anomalies, nous trouvons des dénégateurs et des démonteurs plutôt que ceux qui expriment
incertitude et doute. Les "sceptiques" publics d'aujourd'hui nous présentent des réponses plutôt que des questions.
Comme le philosophe W.V. Quine (lui-même, ironiquement, un de ces "sceptiques" publics modernes) a bien fait la
distinction :
</p>
<blockquote>
<p>Il est important de faire la distinction entre dénégation et non-croyance — entre croire qu'une phrase est fausse
et simplement ne pas croire qu'elle est vraie. La dénégation est un cas de croyance ; croire qu'une phrase est
fausse est croire vraie la négation de la phrase. Nous nions qu'il y ait des <a href="/science/sur/fantome">fantômes</a>
; nous croyons qu'il n'en existe pas. La non-croyance est un état de jugement suspendu ; ni croire la phrase
vraie, ni croire qu'elle est fausse <span class="source">Quine, W. V. O., & Ullian, J.S., 1978. <em>The Web of
Belief</em>. New York: Random House: 12</span>.
</p>
</blockquote>
<p>Bien sûr, rien de ceci ne vise à suggérer que la dénégation est toujours dans l'erreur ou qu'il n'y a aucun bunk
qui nécessite d'être démonté. Je ne vais que mettre en avant que la dénégation ne devrait pas être confondue avec le
scepticisme et la non-croyance. Cette confusion est loin d'être un problème nouveau, et James H. Hyslop — qui ne
serait sûrement pas d'accord avec Quine sur les <a href="/science/sur/fantome">fantômes</a> — remarquais la
confusion dans un article de <time>1909</time> du <em>Journal of the <a href="/org/us/asso/aspr">American Society
for Psychical Research</a></em> lorsqu'il écrivit :
</p>
<blockquote>
<p>L'homme moyen aujourd'hui pense être sceptique parce qu'il ne croit pas à une allégation donnée. Le fait est que
le scepticisme n'est pas la non-croyance au sens de dénégation ni au sens d'être opposé à une croyance donnée,
mais c'est une ignorance critique. Peu d'hommes montrent cette caractéristique. Ils ont trop honte de contester ce
dont ils ne savent rien. Le public a adopté cette attitude d'esprit qu'il appelle scepticisme, mais qui n'est plus
ou moins rien d'autre qu'un dogmatisme se cachant sous de faux atours. Il pense que la croyance est la seule chose
qui peut être partiale et n'imagine pas que la contestation peut être partiale, et en fait que la partialité de la
contestation n'est pas seulement moins justifiable, mais bien pire que la partialité de la croyance. Elle n'a pas
de base sur lequel se reposer hormis la croyance. Mais les gens en sont venus à penser que la contestation ou le
doute est une marque d'intelligence, alors qu'en faut le véritable scepticisme est bien plus proche d'une marque
d'ignorance. Le véritable scepticisme veut dire que nous ne savons pas, pas qu'une chose n'est pas vraie. Savoir
une chose n'est pas vraie relève de la connaissance, pas du doute, et par conséquent est sujet à la partialité.
Elle est à son pire lorsqu'elle parade comme un étudiant arrogant de la vérité et qu'en fait elle ne fait
qu'essayer de la contester. L'esprit moyen suppose que la croyance disqualifie un homme d'étudier un problème et
que la seule personne qui peut l'investiguer est l'homme qui n'a aucune croyance à son sujet. Si celui qui doute
n'a pas d'opinions et n'est pas biaisé par ses propres préjugés, et s'il n'a pas un intérêt à une théorie adverse,
il est vrai qu'il pourrait être mieux qualifié que le croyant pour enquêter, mais la majorité de ceux qui paradent
comme sceptiques en la matière ont généralement leur propre théorie à soutenir contre ce qu'ils déclarent ne pas
croire, et par conséquent sont tout aussi partiaux que le croyant méprisé... L'ouverture d'esprit est le seul
scepticisme qui peut prétendre à une immunité contre le préjudice <span class="source">Hyslop, James H., 1909. "The Bias of Skepticism", <em>Journal of the <a
href="/org/us/asso/aspr">American Society for Psychical Research</a></em>, 3, 1-35: 29-30</span>.
</p>
</blockquote>
<p> Bien que Hyslop ait attiré notre attention sur cette confusion il y a 75 ans de cela, la plupart des chercheurs
sur les anomalies, au lieu d'observer cette distinction entre non-croyance et réfutation, semblent avoir accepté la
définition propre aux critiques d'eux-mêmes en tant que sceptiques en tant que tels se sont constamment référé à
eux, à tort. Ceci à débouché sur une polarisation particulièrement artificielle entre croyants et réfuteurs,
représente mal les options comme la réalité des opinions tenues, et nous rend nous zététiciens — les véritables
sceptiques — soit invisibles, soit forcés de choisir son camp ou d'être considéré comme "l'ennemi" par les 2 côtés.
</p>
<p>Dans sa discussion maintenant classique de la structure normative de la science, Robert K. Merton a inclus le
scepticisme organisé avec l'universalisme, le communisme et le désintéressement parmi les impératifs institutionnels
de la <a href="/science">science</a> <span class="source">Merton, Robert K., 1973. <i>The Sociology of Science:
Theoretical and Empirical Investigations </i>(edited by Norman W. Storer). Chicago: University of
Chicago Press: 270</span>. Il y fait référence comme étant la <q>suspension temporaire du judgement et l'examen
détaché des croyances en termes de critères empiriques et logiques</q>, puis met en avant que cette pratique <q>pourrait
entrer en conflit avec d'autres attitudes face aux mêmes données qui se sont cristallisées et ont souvent été
ritualisées par d'autres institutions</q> <span class="source">Merton, Robert K., 1973. <em>The Sociology of
Science: Theoretical and Empirical Investigations </em>(edited by Norman W. Storer). Chicago: University of
Chicago Press: 277</span>. Je vous suggèrerais que ce conflit intervient aussi entre une partie et une autre de la
communauté scientifique. Avec le développement de nos institutions scientifiques, cela devient un problème interne
comme externe. Et ces institutions s'étant intégrées dans d'autres institutions, les intérêts acquis et
préoccupations non-scientifiques (comme le contrôle des ressources économiques) se développe. Et je suggère qu'à
mesure que la <a href="/science">science</a> grandit en ce qu'on appelle la "grande science", la norme du
scepticisme organisé commence à entrer souvent en conflit avec la norme de désintéressement. Ceci peut mener à des
tentatives, par les défenseurs de la majorité du point de vue "orthodoxe", de tenter simplement de discréditer
plutôt que de réfuter les points de vue d'une minorité concurrente (en particulier les déclarations de
francs-tireurs), et ceci résulte en ce que Ray Wyman (<time>1980</time>) a désigné comme une forme de "/science
pathologique".
</p>
<p>Comme <a href="/people/k/KuhnThomasSamuel">Thomas S. Kuhn</a> <span class="source"><a
href="/people/k/KuhnThomasSamuel">Kuhn, T. S.</a>, 1977, <em>The Essential Tension</em>, Chicago: University of Chicago Press</span>
l'a décrit, il y a une "tension essentielle" en science en ce qu'elle doit d'un côté préserver la connaissance
qu'elle a accumulé en agissant avec prudence et conservatisme et de l'autre rester un système ouvert prêt à
accueillir en son sein de nouvelles données et concepts potentiellement révolutionnaire. Cet équilibre est maintenu
à travers un certain nombre de prescriptions méthodologiques qui rendent difficile, mais pas impossible pour le
prétendant d'une anomalie d'obtenir l'acceptation de son affirmation. Tout d'abord, la <a
href="/science">science</a> place la charge de la preuve sur celui qui affirme. Ensuite, la preuve d'une
affirmation doit être dans un certain sens proportionnelle au caractère de l'affirmation. Ainsi, une affirmation
extraordinaire nécessite une preuve "extraordinaire" (c'est-à-dire plus forte que d'habitude). Cette dernière
prescription semble liée à la règle de parcimonie en <a href="/science">science</a> qui indique que l'explication
adéquate la plus simple est celle à accepter.
</p>
<p> Maintenant je voudrais attirer votre attention sur le fait que ces règles plutôt conservatrices pour prouver les
affirmations extraordinaires signifient qu'une affirmation soutenue de manière inadéquate résulte en une simple
non-acceptation de l'affirmation. La preuve est, alors, une question de degré, et ne pas avoir suffisamment de
résultats chez un prétendant ne satisfaisant pas à la charge de la preuve. Cela ne signifie pas une réfutation de
l'affirmation. La preuve n'est pas suffisamment substantielle, et l'affirmation n'est pas acceptée plutôt que
réfutée. On demande au prétendant, en effet, de, soit abandonner, soit retourner chercher des éléments et arguments
plus solides pour un possible jour prochain à la cour de la <a href="/science">science</a>. En pratique, un fait non
prouvé est un non-fait. La <a href="/science">science</a> suppose le négatif à propos des affirmations non prouvées
; elle donne à ces affirmations une priorité faible et une probabilité faible et les ignore. La <a href="/science">science</a>
étant essentiellement descriptive (cérant des explications à travers des généralisations d'abstractions à partir de
faits assurés), elle est pas prescriptive <span class="source">Taylor, F. Sherwood, 1963. <em>A Short History of
Science and Scientific Thought</em>. New York: W.W. Norton: 342</span>. La <a href="/science">science</a> peut
parler du<em> hautement improbable</em> ; elle ne peut pas parler correctement de l'impossible. Mais en pratique, le
hautement improbable est traité comme supposé impossible. Travailler sur une machine à mouvement perpétuel est
presque certainement une perte de temps, mais une fois que nous le jugeons comme une perte de temps absolue, nous
fermons la porte à cette recherche et violons l'équilibre de la "tension essentielle" et désobéissons à l'injonction
de Peirce en bloquant la recherche. Le scientifique qui travaille sur une machine à mouvement perpétuel pourrait en
avoir pour vraiment longtemps et pourrait faire de la science stupide, mais il ne s'agit pas nécessairement de
fausse <a href="/science">science</a> ou de <a href="/science/pseudo.html">pseudoscience</a>.
</p>
<p> La communauté scientifique fixant ses priorités sur la base des notions de retours probables et d'importance des
problèmes, le prétendant d'une d'une anomalie non prouvée en aura pour longtemps et est peu susceptible d'obtenir
des ressources déjà rares. Et l'idée ou l'anomalie non prouvée pourrait être, et est généralement, ignorée ou
traitée comme si elle était une idée fausse. Donc, je suggèrerais que cela autorise en fait une tolérance plus
grande qu'il n'en est habituellement accordée aux prétentions de l'extraordinaire. Si nous avons réellement foi dans
les règles scientifiques et dans les mécanismes d'autocorrection de la <a href="/science">science</a>, nous ne
devrions pas avoir peur d'idées inhabituelles à faible probabilité ou même folles. Nous n'avons pas besoin de
réfuter une idée pour l'écarter : nous avons simplement besoin de montrer son échec à porter la charge de la preuve.
De plus, je suggèrerais que le souci de discréditer plutôt que de réfuter des affirmations montre en fait un manque
de confiance dans le système d'adjudication normal de la <a href="/science">science</a>. Tout comme un système
judiciaire correct ne requiert pas de garde-fous, un processus adjudication scientifique correct n'a pas besoin
d'une inquisition extra-scientifique supplémentaire pour nous protéger d'une prétendue <a
href="/science/pseudo.html">pseudoscience</a> et de ce qu'on appelle l'irrationalité.
</p>
<p> Le scepticisme organisé en <a href="/science">science</a> est une épée à 2 tranchants. Il nous permet de
questionner l'orthodoxie comme la non-orthodoxie. Son fonctionnement correct dépend de notre tolérance et de notre
capacité à vivre avec un certain degré d'incertitude et de dissonance dans nos rangs. Robert K. Merton a parlé de
l'ambivalence sociologique incluse dans nos rôles sociaux <span class="source">Merton, Robert K., 1976. <em>Sociological
Ambivalence and Other Essays</em>. New York: Free Press</span>. Le conflit produit par le besoin de la <a
href="/science">science</a> à la fois de conservatisme et d'ouverture — ce que <a
href="/people/k/KuhnThomasSamuel">Kuhn</a> décrit comme créant la "tension essentielle" adaptée à la <a
href="/science">science</a> — nécessite le scepticisme organisé (partie intégrante de la <a href="/science">science</a>
et produisant son schéma de changement autocorrectif que la plupart d'entre nous considère comme étant le progrès)
qui contribue grandement à cette ambivalence. La tension a aussi été caractérisée comme la lutte pour éviter les
types de ce que les statisticiens désignent comme les erreurs de type 1 et type 2. Nous ne souhaitons pas conclure
que quelque chose d'anormal est là lorsqu'elle ne l'est pas, mais nous ne voulons pas non plus passer devant une
anomalie, un signal faible au milieu de beaucoup de bruit <span class="source"><a href="/people/t/TruzziMarcello">Truzzi,
M.</a>: 1979a. "<a href="/time/1/9/7/9/Truzzi_Editorial/index_fr.html">Editorial [Type I and Type II Errors re the
Paranormal]</a>", <i lang="en">Zetetic Scholar</i>, n° 3/4, p. 2</span> <span class="source"><a
href="/people/t/TruzziMarcello">Truzzi, M.</a>: 1979b. "Discussion: <a
href="../../9/11/29/Truzzi_ReflectionsOnTheReceptionOfUnconventionalClaimsInScience/index_fr.html">On
the Reception of Unconventional Scientific Claims</a>", in Seymour H. Mauskopf, editor, <i lang="en">The
Reception of
Unconventional Science</i> AAAS Selected Symposium 25, Boulder, Colorado: Westview Press. pp. 125-137</span>.
</p>
<p> La plupart de mes collègues critiques des anomalies ont caractérisé leur approche plus sévère et orientée
démontage comme représentant la "ligne dure" du scepticisme tandis que mon zététisme est décrit comme une variété
plus "douce". Je pense que cela ne représente pas correctement la réalité de nos différences. Le public est de fait
souvent induit en erreur, et nous avons besoin de leur présenter des visions critiques pour équilibrer celles des
partisans. Les bêtises doivent être démontées ; la fraude doit être révélée ; l'erreur doit être corrigée ; et la
véritable <a href="/science/pseudo.html">pseudoscience</a> — qui existe bel et bien — doit être montrée pour ce
qu'elle est. Mais la fraude, l'erreur ou même la <a href="/science/pseudo.html">pseudoscience</a> ont toutes existé
dans la science ordinaire, c'est-à-dire au sein de la <a href="/science">science</a> légitime, orthodoxe. Et
beaucoup de ce qui est qualifié de "<a href="/science/pseudo.html">pseudoscience</a>" n'en est en fait pas, la
plupart de ce qu'on appelle <a href="/science/pseudo.html">pseudoscience</a> consistant en des programmes de
recherche scientifique (ce que j'ai appelé les <a href="/science/proto.html">protosciences</a>) appliqués pour
investiguer des sujets non-orthodoxes ou controversés <span class="source">Truzzi, M., 1972. "Definitions and Dimensions of the Occult: Towards a Sociological Perspective", <em>Journal
of Popular Culture</em>, 5, 635-646</span> <span class="source"> Truzzi, M.: -----, 1977. "From the Editor:
Parameters of the Paranormal", <i lang="en">The Zetetic</i> (now <i lang="en">The Skeptical Inquirer</i>), 1,
2, 4-8</span>. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui font de la <a href="/science">science</a> un ensemble de
contenu ; pour moi, la <a href="/science">science</a> reste avant tout une <a href="/science/methode">méthode</a>.
Une <a href="/science">science</a> étudiant les licornes pourrait (et si elle est bien menée, devrait probablement)
trouver que les licornes n'existent pas : mais la recherche de licornes peut être menée de manière scientifique. Les
critiques oublient qu'une personne n'a pas à croire aux <a href="/science/para/psi/pes">PES</a> pour être
parapsychologue ou aux ovnis pour être <a
href="/people/ufologues.html">ufologue</a>. Une partie de ce que fait la <a href="/science">science</a> est de
déterminer si des variables existent ou non ; donc dans cette mesure, une <a href="/science">science</a> peut avoir
"rien" comme sujet d'étude.
</p>
<p> La raison pour laquelle la zététique pourrait sembler adopter une ligne critique plus douce pourrait n'être pas
tant un point de vue moins critique de l'extraordinaire qu'une vision plus critique de l'ordinaire avec lequel il
contraste. Ceux qui sont prompts à qualifier la <a href="/science/para/psi">parapsychologie</a> de <a
href="/science/pseudo.html">pseudoscience</a> feraient bien de regarder de plus près les sciences sociales en
général. Ceux qui rient de l'implausibilité d'un <a href="/science/crypto/zoo/enquete/dossier/LochNess">plésiosaure
possible dans le Loch Ness</a> devraient jeter un œil de près aux arguments et éléments mis en avant pour le Big
Bang ou les trous noirs. Ceux qui pensent qu'il est déraisonnable d'enquêter sur les signalements d'<a
href="/science/crypto/ufo/OVNI.html">objets volants non-identifiés</a> feraient sans doute bien d'examiner avec
attention les arguments et éléments avancés par ceux qui promeuvent les tentatives actuelles de contacter une
intelligence extraterrestre supposément présente dans d'autres systèmes stellaires. Ceux qui se plaignent du statut
non-scientifique de conseillers voyants devraient vouloir examiner le statut scientifique de la psychothérapie
orthodoxe et faire des comparaisons scientifiques véritables. Ceux qui ricanent de faux prophètes parmi nous
pourraient tout aussi bien examiner les pronostiqueurs en économie et en sociologie soutenant des positions
officielles en tant que "prévisionnistes scientifiques". Ceux qui s'inquiètent des horoscopes des journaux et de
leur influence feraient bien de regarder ce que font les soi-disant "véritables" professions d'aide. Le scientifique
qui prétend être un véritable sceptique, un zététicien, voudra investiguer empiriquement les affirmations de
l'Association Médicale Américaine tout autant que celles d'un guérisseur par la foi ; et, plus important, il devrait
vouloir comparer les résultats empiriques des 2 avant d'en défendre un et de condamner l'autre.
</p>
<p> La posture sceptique du scientifique, suggéré-je, est une que T. H. Huxley qualifia d'agnosticisme. Aujourd'hui,
ce terme est généralement considéré comme faisant référence à une orientation envers la question de l'existence
d'une déité. Mais lorsque Huxley a mis le terme en avant pour la 1<sup>ère</sup> fois, il y voyait une signification
bien plus générale. Et — notez une morale pour aujourd'hui — le terme visait à éviter les dogmes des rationalistes
comme des religieux ; dans la Société Métaphysique de 1889. Huxley a écrit:
</p>
<blockquote>
<p>L'agnosticisme en fait, n'est pas une croyance, mais une méthode, dont l'essence réside dans l'application
rigoureuse d'un principe simple : Ce principe est très ancien... c'est l'axiome fondamental de la science moderne.
Positivement le principe pourrait être exprimé : En matière d'intellect, suivez votre raison aussi loin qu'elle
vous mènera, sans égard pour toute autre considération. Et négativement, en matière d'intellect, ne prétendez pas
certaines des conclusions qui ne sont ni démontrées ni démontrables. Pour moi la foi agnostique est que, which si
un homme reste entier et undefiled, il ne devra pas être honteux de regarder l'univers en <q>face, quoi que le
futur puisse avoir en magasin pour lui </q><span
class="source">Huxley, Thomas H., 1889. "Agnosticism," in his <em>Science and Christian Tradition:
Essays. </em>New York: D. Appleton & Co., 1901. pp. 209-262</span>.
</p>
</blockquote>
<p> Huxley reconnu qu'une telle tolérance était un idéal et pas quelque chose qu'il fut toujours capable de mettre en
pratique, puisque continuant en disant :
</p>
<blockquote>
<p>Les résultats de la mise en œuvre du principe agnostique varieront selon la connaissance et la capacité
individuelle, et selon la condition générale de la science. Que ce qui n'est pas prouvé aujourd'hui pourrait être
prouvé à l'aide de nouvelles découvertes demain. Les seuls points négatifs fixés seront ces négations qui
débouchent de la limitation démontrable de nos facultés. Et la seule obligation acceptée est d'avoir l'esprit
toujours ouvert à la conviction. Les agnostiques qui n'échoueront jamais à appliquer leurs principes sont, j'en ai
peur, aussi rares que d'autres gens dont la même cohérence peut être véritablement prédite. Mais si vous deviez
rencontrer un tel phénix et lui dire que vous aviez découvert que 2 + 2 = 5, il vous demanderait patiemment
d'indiquer vos raisons pour cette conviction et exprimerait sa promptitude à s'accorder avec vous s'il les trouve
satisfaisantes. L'injonction apostolique de "suffer fools gladly" devrait être la règle de vie d'un véritable
agnostique. Je suis profondément conscient de combien je suis moi-même loin de cet idéal, mais c'est là ma
conception personnelle de ce que les agnostiques devraient être <span class="source">Huxley, Thomas H., 1889. "Agnosticism," in his <em>Science
and Christian Tradition: Essays. </em>New York: D. Appleton & Co., 1901. pp. 209-262</span>.
</p>
</blockquote>
<p> Comme Huxley, je pense qu'il s'agit d'un bon idéal à défendre pour le scientifique, mais cela reste difficile à
mettre en pratique. Je le modifie donc quelque peu. Je soutiens que tout(e) scientifique a un droit sur ses propres
priorités. Ainsi, lorsqu'un dingue supposé vous approche avec une idée folle, je ne pense pas que votre devoir est
d'écouter et de l'évaluer. Vous avez tout à fait le droit de simplement dire que vous êtes trop occupé ou d'ignorer
de tels prétendants. Le prétendant n'a pas un droit sur votre temps. Mais je soutiens que si une écoute est
accordée, il devrait s'agir d'une écoute honnête et ouverte basée sur la consideration des arguments et des éléments
présentés. Et si les arguments et éléments avancés ont quelques mérites, même s'ils ne sont pas suffisant pour
porter la charge de la preuve, nous devrions être prompts à accepter ces mérites tout en ne parvenant toujours pas à
accepter (plutôt que nécessairement réfuter) l'affirmation. Nous devons nous souvenir que la preuve est toujours une
question de degré, et n'est généralement pas écrasante. Et nous devons être prompts à admettre que même si nous
rejetons beaucoup d'éléments et d'arguments, qu'il peut y avoir des "choses restant inexpliquées" qui souvent ne
peuvent pas être facilement écartées. Plus que tout, nous devons nous souvenir que le but de la <a href="/science">science</a>
est d'expliquer plutôt que de se débarasser des phénomènes. Le scepticisme devrait chercher à être constructif, à
faire avancer la <a href="/science">science</a>, plutôt que purement destructif et peut-être par là-même bloquer la
recherche.
</p>
<p> Maintenant que nous avons considéré certaines des caractéristiques du scepticisme en <a
href="/science">science</a>, laissez-moi me tourner maintenant vers le sujet des anomalies.
</p>
</section>
<section>
<h2>A propos des anomalies</h2>
<p> La définition du dictionnaire d'une anomalie en tant que <q>déviation de la règle commune</q> ou <q>quelque chose
qui dévie trop de la variation normale</q> est plutôt vague et quelque peu trompeuse en ce que cette définition
correspond aussi à "irrégularité' ou "anormalité". Tel qu'il est couramment usité dans la littérature se préoccupant
des anomalies, le terme souligne qu'une anomalie est quelque chose d'inexpliqué. Une anomalie est quelque chose qui
n'est pas couverte par nos généralisations actuelles sur la manière dont le monde fonctionne. C'est quelque chose
d'étrange et inexpliqué. En regardant l'usage du terme dans la littérature, il devient assez multidimensionnel et
relève plus d'un type construit ou d'un ensemble vague <span class="source"><a href="/people/w/WestrumRonaldM">Westrum, R.</a> & Truzzi,
M., 1978. "Anomalies: A Bibliographic Introduction with Some Cautionary Remarks", <i lang="en">Zetetic
Scholar</i>, n° 2, 69-78: 70</span>. Dans son état pur, une anomalie pourrait être quelque chose qui :
</p>
<ol>
<li> intervient réellement (c'est-à-dire, quelque chose d'à la fois perçu et validé)</li>
<li>n'est pas expliqué par une théorie scientifique acceptée</li>
<li>est perçue comme étant quelque chose qui a besoin d'une explication, et</li>
<li>contredit ce que nous pourrions attendre de l'application de nos modèles scientifiques acceptés.</li>
</ol>
<p>En pratique, une anomalie est souvent "impure" en termes de ces 4 critères. Mais je suggèrerais que (2), l'absence
de correspondance de l'anomalie avec une théorie acceptée, est l'élément commun nécessaire pour toute véritable
anomalie. Elle est en fait à la recherche d'une explication.
</p>
<p>Ceci nous amène à une distinction importante. Nous venant de la recherche psychique, le terme <a
href="/science/para">paranormal</a> (généralement limité aux anomalies psychologiques en recherche en psychique)
fut créé pour désigner des phénomènes considérés naturels — pas <a href="/science/sur">supernaturels</a> — et qui
finalement devraient trouver une explication scientifique, mais ont jusqu'ici échappé à de telles explications <span
class="source">Truzzi, M., 1978b. "<a href="/time/1/9/7/8/Truzzi_AWordOnTerminology/index_fr.html">Editorial:
A Word on Terminology</a>", <i lang="en">Zetetic Scholar</i>, n° 2, 64-65</span>. Le terme supernormal a été
utilisé d'une manière semblable. L'intention claire de ceux utilisant le terme <a href="/science/para"><em>paranormal</em></a>
était d'éviter le terme <a href="/science/sur"><i>supernaturel</i></a>. Ils souhaitaient souligner que les
phénomènes étaient aberrantes, mais pas au-delà de la science naturelle ; il s'agissait simplement d'une question
d'explication scientifique rattrapant de ces faits rebelles. Malheureusement, de nombreux critiques du <a
href="/science/para">paranormal</a> continuent à faire l'amalgame entre tout ce qui est prétendu <a
href="/science/para">paranormal</a> et le <a
href="/science/sur">supernaturel</a>. Ceci est particulièrement ironique, car ceux qui croient vraiment au <a
href="/science/sur">supernaturel</a> (comme l'Église Catholique Romaine lorsqu'elle parle de miracles) ont
depuis longtemps compris qu'une explication <a href="/science/para">paranormale</a> s'oppose à s'oppose à une
explication <a href="/science/sur">supernaturelle</a>. Après l'usage adéquat du terme <a href="/science/para"><em>paranormal</em></a>,
nous pouvons parler logiquement des <a href="/science/para">parasciences</a> qui traitent des anomalies dans leurs
domaines respectifs. Ainsi, nous pouvons parler non seulement de <a href="/science/para/psi">parapsychologie</a>
mais aussi de domaines tels que la parasociolgie, la paraphysique, etc. Dans chaque cas nous désignons l'étude des
anomalies au sein d'une discipline pour laquelle elles semblent potentiellement pertinentes.
</p>
<p> En fait, cependant, étant donné un événement anormal particulier, nous ne savons vraiment pas à l'avance quelle <a
href="/science">science</a> actuelle finira par en développer une explication. Ainsi, une chose comme des scores
corrects de divination non dûs à la chance pourraient maintenant faire partie de la <a href="/science/para/psi">parapsychologie</a>,
mais finalement l'explication pourrait reposer ailleurs. Par exemple, s'il se révèle que ces anomalies sont dues à
de mauvaises hypothèses statistiques qui pourraient nous amener à développer une nouvelle théorie statistique pour
la manière dont ces choses sont distribuées dans la nature : le phénomène pourrait alors mieux appartenir à la
parastatistique. De la même manière, les phénomènes aériens non identifiés pourraient finalement être expliqués via
la <a href="/science/discipline/hard/nat/univ/meteo">météorologie</a>, l'<a
href="/science/discipline/hard/nat/univ/astro">astronomie</a>, la psychophysiologie ou quelque autre discipline
(ou même par toutes celles-ci en partie puisque nous pourrions avoir affaire à des phénomènes différents à
différents moments). Ainsi, je suggèrerais le terme avancé par Roger W. Westcott <span class="source">Wescott, Roger W., 1973. "Anomalistics: The Outline of an Emerging Area of Investigation," paper prepared for Interface Learning Systems</span>
<span class="source">Wescott, Roger, W., 1980. "Introducing Anomalistics: A New Field of Interdisciplinary Study,"
<i>Kronos</i>, 5, 36.-50.</span>, anomalistique, pour parler de l'approche interdisciplinaire des anomalies dont
les diverses <a href="/science/para">parasciences</a> sont des branches.
</p>
<p> En revenant maintenant au terme <a href="/science/para">paranormal</a>, ce terme évite de confondre les véritables
anomalies des simples événements irréguliers ou rares qui ont une explication scientifique actuelle. Ces derniers
événements sont généralement qualifiés d'anormaux. Ainsi, un homme de 8 pieds de haut serait anormal mais pas <a
href="/science/para">paranormal</a>, tandis qu'un homme qui pourrait respirer et vivre dans l'eau serait <a
href="/science/para">paranormal</a>. De la même manière, une vierge donnant naissance à une fille serait
anormale (puisque la parthénogenèse offrirait une explication à une telle rareté) alors qu'une vierge donnant
naissance à un garçon serait <a href="/science/para">paranormale </a>(pour dire le moins !).
</p>
<p> L'élément-clé dans la définition d'une anomalie résidant dans sa relation ou absence de relation à une théorie,
cela signifie que toutes les anomalies sont relatives à une théorie spécifique. Le degré d'anormalité ou
d'extraordinarité d'un événement ne peut être spécifié que par rapport à la théorie avec laquelle il ne correspond
pas. Le terme d'anomalie spécifie une relation entre un événement et une théorie ; l'événement n'est pas anormal en
et par lui-même. La <a href="/science">science</a> contient généralement de nombreuses théories, et elles ne sont en
aucune manière intégrées ou même cohérentes l'une avec l'autre. Ainsi, une affirmation comme la précognition
pourrait présenter de sérieux problèmes au physicien, mais peu au géologue. Tous les scientifiques ne verront pas un
événement comme aussi extraordinaire. Cette désunion pourrait être fonctionnelle, comme lorsque les biologistes ont
ignoré les physiciens qui disaient que l'âge jeune du <a href="/place/systeme/solaire/Soleil">soleil</a> rendait
l'évolution biologique impossible sur les grandes périodes de temps postulées. Les physiciens découvrirent plus tard
la fusion et changèrent leur estimation de l'âge de notre <a href="/place/systeme/solaire/Soleil">soleil</a>, et
donc dans ce cas la physique était en retard derrière les théories des biologistes même si généralement nous
considérons la physique comme une science plus fondamentale.
</p>
<p> Je pense qu'au sens le plus large il y a 3 grandes orientations envers les anomalies. Pour de nombreux
scientifiques, les anomalies sont surtout ennuyeuses et à ignorer ou réfuter. Ils voient les anomalies comme ce que
<a href="/people/f/FortCharles">Charles Fort</a> appelait des "faits maudits". Pour ces scientifiques, les anomalies
sont au mieux irritantes. Au pire, ils voient les anomalies comme des défis à ce qui est fondamentalement chèrement
maintenu et donc auxquelles on doit s'opposer, parfois à n'importe quel prix. Le but, pour ces scientifiques, n'est
pas d'expliquer, mais de se débarrasser de l'anomalie.
</p>
<p>La 2ᵉ orientation couramment trouvée est celle du marchand de mystère, la personne qui aime le fait qu'un phénomène
soit inexpliqué. Ceci, hélas, est assez fréquemment l'attitude adoptée par nombre de ceux qui se qualifient de
"Fortéens" <span class="source"><a href="/people/c/ClarkJerome">Clark, J.</a>, 1983. "Confessions of a Fortean
Skeptic", <i lang="en">Zetetic Scholar</i> n° 11, 7-14</span>. Ils adorent le mystère et se gargarisent même de
l'incapacité des scientifiques à expliquer l'anomalie. Ils ne veulent pas expliquer ou se débarasser des anomalies ;
ils veulent en découvrir plus et leur but pourrait — dans le cas extrême — être anti-scientifique dans l'esprit ;
car ils recherchent les mystères plutôt que des explications à leur sujet. En lisant certains Fortéens, on a
clairement l'impression que même une explication normale non-conventionnelle par la science serait une déception.
</p>
<p>La 3ᵉ orientation — celle à laquelle j'adhère — consiste à voir des anomalies non simplement comme des défis, mais
comme des opportunités. Les anomalies sont en fait la source principale du changement théorique et du progrès
conceptuel en science. Bien que nous devrions être particulièrement prudents quant à l'acceptation de prétentions
d'anomalies, nous devrions chercher à en trouver de valides parce que c'est en explication ces aberrations que nous
étendrons nos théories et créerons de nouvelles théories. À partir de là, les anomalies sont importantes et ont une
valeur en ce qu'elles mènent à de nouvelles et grandes formes d'explication scientifique. Ainsi, les anomalies
devraient être vues comme constructrices plutôt que destructrices, comme des forces inspirant la croissance et le
progrès scientifiques.</p>
<p>Laissez-moi me tourner maintenant vers certaines des diverses dimensions ou categories d'anomalies :</p>
<ol>
<li> L'anomalie pourrait être légitimement inexpliquée ou <a href="/science/para">paranormale</a> plutôt que quelque
chose d'abord inexplicable, mais en fait couverte par des lois connues, quelque chose de simplement anormal (comme
on vient d'en parler) ou une pseudo-anomalie.<br>
</li>
<li>L'anomalie pourrait être une anomalie scientifique, quelque chose de paranormal et en fin de compte explicable
en termes de <a href="/science">science</a>, contrairement à quelque chose de réellement extérieur à l'ordre
naturel, quelque chose de non pas <a href="/science/para">paranormal</a> mais <a
href="/science/sur">supernaturel</a> ou métaphysique. Ce dernier inclurait non seulement des choses comme les
miracles divins, mais aussi peut-être tout événement potentiellement unique dans la nature, une sorte de hoquet ou
rôt cosmique, quelque chose sans schéma ou impossible à généraliser ou dont dans lequel on ne peut trouver un
ordre licite. La <a href="/science">science</a> cherche la loi, et il est au moins conceptuellement possible que
certaines choses puissent arriver qui sont hors de toutes régularités, des choses que je qualifierai de
préternaturelles.
</li>
<li>L'anomalie peut varier dans sa relation à la théorie scientifique. Ainsi, elle peut être non-imbriquée,
c'est-à-dire, simplement un phénomène stray semblant n'avoir aucun corps de théorie avec lequel traiter d'une
manière ou d'une autre. Ou, plus typiquement, l'anomalie peut être imbriquée, c'est-à-dire, peut assez clairement
être vue comme quelque chose qui devrait être couvert par une certaine théorie même si elle ne l'est pas. Les
anomalies imbriquées peuvent varier grandement dans le degré auquel elles ne correspondent pas avec le réseau
théorique existant. Certaines anomalies correspondent simplement très mal tandis que d'autres semblent contredire
des parties centrales de la théorie. L'anomalie imbriquée contredisant des parties importantes du corps de théorie
accepté qui est pertinent est une des plus ennuyeuses et dont la légitimité/validité est la plus susceptible
d'être contestée.
</li>
<li>Une anomalie pourrait être quelque chose de spontané dans la nature ou pourrait être quelque chose qui ne
pourrait être produit qu'expérimentalement. Et si elle est produisible expérimentalement, elle pourrait varier
dans le degré auquel elle est reproductible. La réplication peut n'être qu'occasionnelle ou varier diversement
jusqu'à la répétabilité à la demande. En général, les anomalies tendent à être spontanées ou seulement
occasionnellement répétables, et c'est généralement une des raisons pour laquelle leur existence-même est
typiquement controversée.
</li>
<li>Les anomalies existent à un certain degré dans tout secteur scientifique et sont généralement reconnues comme
telles. Ainsi, il existe des anomalies acceptées qui ne sont pas controversées. Celles-ci sont habituellement
considérées comme des énigmes mineures à résoudre, comme des choses restant à résoudre, mais pas très embêtantes.
Mais la plupart des anomalies réputées intéressantes ont lutté pour être acceptées. La plupart des anomalies sont
simplement des anomalies supposées. Elles restent non établies. Certaines sont des anomalies validées en ce que la
plupart des scientifiques pourraient s'accorder sur le fait qu'elles existent réellement ; mais c'est peu courant,
et il est impératif que l'anomaliste reconnaissance que la plupart du temps il traite simplement d'anomalies
supposées.
</li>
<li>Une anomalie pourrait être quelque chose qui intervient rarement dans la nature ou quelque chose qui intervient
fréquemment, même si c'est une anomalie spontanée. La fréquence doit être considérée relative à la dimension
temporelle. Ainsi, quelque chose pourrait paraître rare, mais être en fait arrivé en de nombreuses occasions sur
une longue période de temps ou, à l'inverse, un événement pourrait intervenir un certain nombre de fois sur une
courte période, mais ne jamais arriver avant ou après.
</li>
<li>Une anomalie pourrait varier selon la dimension spatiale. C'est-à-dire qu'une anomalie pourrait être largement
dispersée ou disponible que sur un secteur très étroit.
</li>
<li>Une anomalie pourrait être vue rarement ou fréquemment (indépendamment du fait qu'elle intervienne rarement ou
fréquemment).
</li>
<li> Une anomalie pourrait être signalée rarement ou fréquemment (indépendamment du fait qu'elle soit vue rarement
ou fréquemment).
</li>
<li> L'anomalie pourrait être une chose anormale, ou elle pourrait être une relation anormale entre des choses
plutôt normales. J'ai ailleurs qualifié les choses anormales de crypto-événements et les relations anormales de
para-événements <span class="source">Truzzi, M., 1977. "From the Editor: Parameters of the Paranormal", <i
lang="en">The Zetetic</i> (aujourd'hui <i lang="en">The Skeptical Inquirer</i>), 1, 2, 4-8</span>. Les choses
sont relativement facilement validées. Il vous suffit "d'amener le corps" et de le montrer aux sceptiques. Mais la
falsification du crypto-événement pourrait être particulièrement difficile puisque la chose (e.g., un <a
href="/science/crypto/zoo/enquete/dossier/Bigfoot">Bigfoot</a>) pourrait avoir été ailleurs que là où vous
avez regardé. L'inverse est vrai pour le para-événement. Une relation étant quelque chose à inférer à partir des
données, des explications alternatives sont généralement possibles. Ainsi, la validation de toute para-événement
est particulièrement difficile. Mais nous pouvons souvent nous accorder sur le fait qu'une certaine corrélation à
partir de laquelle nous ferions notre inférence du para-événement devrait être obtenue dans une expérience donnée.
Donc, si nous ne parvenons pas à la trouver, c'est habituellement accepté comme une falsification du
para-événement prétendu. L'anomalistique, alors, consiste en les <a href="/science/crypto">cryptosciences</a> (qui
étudie les choses cachées, e.g., comme la <a href="/science/crypto/zoo">cryptozoologie</a> étudie les animaux
anormaux) et les <a href="/science/para">parasciences</a> (qui étudient les relations anormales entre les choses,
e.g., comme la <a href="/science/para/psi">parapsychologie</a> étudie les processus psi anormaux), et ces 2
branches de l'anomalistique ont différents problèmes stratégiques lorsqu'ils cherchent acceptation/légitimité au
sein de la communauté scientifique générale. Et
</li>
<li>une anomalie pourrait paraître bizarre ou banale. D'un point de vue scientifique, cela devrait largement être
peu important. Mais cela fait clairement une différence dans la manière dont nombre évalueront le degré
d'extraordinarité de l'affirmation. Une anomalie de haute étrangeté aura plus de difficultés à se faire accepter
malgré qu'elle ait moins de difficultés à se faire remarquer en premier lieu.
</li>
</ol>
<p>Ayant considéré certaines des principales dimensions des anomalies, laissez-moi maintenant essayer d'intégrer
certaines de ces observations avec mes premières remarques sur le scepticisme.
</p>
</section>
<section>
<h2>L'approche zététique des anomalies</h2>
<p>Lorsqu'on parle de l'extraordinaire en <a href="/science">science</a>, nous avons besoin de considérer les
événements extraordinaires comme les théories (explications) extraordinaires. Nous devrions d'abord chercher à
expliquer les événements extraordinaires en termes de théories ordinaires, et ce n'est qu'en y échouant que nous
devrions passer aux explications extraordinaires <span class="source">Truzzi, M., 1978a. "<a
href="/time/1/9/7/8/Truzzi_OnTheExtraordinaryAnAttemptAtClarification/index_fr.html">On the
Extraordinary: An Attempt at Clarification</a>", <i lang="en">Zetetic Scholar</i>, n° 1, 11-19</span>. Mais,
hélas, la littérature sur l'anomalie est remplie de bien trop de tentatives d'expliquer des événements ordinaires
avec des théories extraordinaires.
</p>
<p> Tout affirmation d'anomalie consistera normalement en 3 éléments :</p>
<ol>
<li>l'événement anormal lui-même</li>
<li>le rapport ou récit sur cet événement et</li>
<li>le rapporteur ou narrateur du rapport ou du récit narratif <span class="source"><a
href="/people/t/TruzziMarcello">Truzzi, M.</a>, 1978a. "<a
href="/time/1/9/7/8/Truzzi_OnTheExtraordinaryAnAttemptAtClarification/index_fr.html">On the
Extraordinary: An Attempt at Clarification</a>", <i lang="en">Zetetic Scholar</i>, n° 1, 11-19</span>.
</li>
</ol>
<p>Les critiques peuvent attaquer l'affirmation sur n'importe lequel ou tous de ces 3 points. L'événement peut être vu
comme trop improbable, le récit comme pas suffisamment plausible, et/ou le narrateur comme non crédible. Chacun de
ces éléments peut être évalué indépendamment et le sceptique commence généralement avec des doutes sur l'événement
prétendu en lui-même. Il concentre ensuite à juste titre sur ses arguments et éléments allant à l'encontre du récit
narratif. Mais il est courant pour la critique de s'étendre à la crédibilité du narrateur, ceci prenant parfois la
forme d'attaques <i lang="en">ad hominem</i> inopportunes sur les motivations du narrateur.
</p>
<p> Les attaques sur la crédibilité du narrateur suivent un schéma. Le rapporteur de l'anomalie peut être attaqué à
travers l'utilisation d'un certain nombre de qualificatifs négatifs. Il peut être qualifié de crank, cinglé,
incompétent ou de charlatan. Toutes ces qualifications ont été utilisées pour désigner ce que le critique voit comme
un "pseudoscientifique" (un mot magique bien trop souvent invoqué pour exorciser l'hérésie). Un crank est simplement
quelqu'un qui s'accroche avec ténacité à une position déviante ou minoritaire. C'est normalement fait via des
arguments et éléments rationnels. Nous avons de nombreux cranks dans la science ordinaire comme extraordinaire. <a
href="/people/w/WestrumRonaldM">Ron Westrum</a> a mis en avant qu'il y existe des cranks réactionnaires (ceux
qui s'accrochent aux vieilles idées dépassées) comme radicaux (qui épousent de nouvelles idées folles). Les cranks
sont des personnes "difficiles" (cranky?) mais pas irrationnelles. Un dingue est quelqu'un qui soutient une idée
folle (également réactionnaire ou radicale) mais le fait de manière si irrationnelle, i.e., sans arguments et/ou
éléments adéquats. C'est un "nut" scientifique. Les termes crank et cinglé représentent des références au style
argumentatif du partisan ainsi qualifié.
</p>
<p> Un incompétent est simplement quelqu'un qui fait des erreurs non intentionnelles, dues à son incapacité ou
ignorance. La science ordinaire est pleine d'incompétence, comme l'est tout domaine professionnel. Mais un charlatan
est quelqu'un qui fait des erreurs intentionnelles ; il constitue une fraude.
</p>
<p> Lorsque le partisan d'une anomalie appartient à la science (ce que <a href="/people/a/AsimovIsaac">Isaac
Asimov</a> a appelé un endo-hérétique), les critiques tendent à être plus tolérants et généralement retiennent leurs
coups et réduisent même le cinglé ou charlatan dans notre milieu à de simples crank ou incompétents. Mais si le
partisan est n'y appartient pas (un exohéretique), les critiques tendent à l'exagération, élevant le simple crank ou
incompétent au rôle de cinglé ou charlatan.
</p>
<p> Nous pourrions aussi noter que les critiques pourraient eux-mêmes être membres de la communauté scientifique (ce
que j'appellerai endo-critiques) ou externes comme des philosophes, écrivains en science, ou même magiciens
(exo-critiques). Les exo-critiques semblent être même plus préoccupés du contrôle social sur la frontière entre <a
href="/science">science</a> et <a href="/science/pseudo.html">pseudoscience</a> que les endo-critiques. Et ces
exo-critiques pourraient jouer le rôle de ce que Ray Hyman <span class="source">Hynman, Ray, 1980. "Pathological
Science: Towards a Proper Diagnosis and Remedy", <i lang="en">Zetetic Scholar</i>, n° 6, 31-39</span> a appelé les
"tueurs à gage" en <a href="/science">science</a>, amenés pour discréditer les affirmations déviantes et les
prétendants et pour "protéger le public". A son pire, cela adopte une plus-pur-que-toi (plus-scientifique-que-toi
?), et ces vigiles peuvent agir plutôt comme des inquisiteurs d'une Église du Scientisme <span
class="source">Voir la discussion dans <a
href="/people/f/FeyerabendPaul">Feyerabend, P.</a>, 1978. <i lang="en">Science in a Free Society</i>.
Londres: NLB: 91-96</span>.
</p>
<p>Il a été observé que l'acceptation d'une anomalie peut passer par, soit :</p>
<ol>
<li>un degré adéquat de reproductibilité (pour certains critiques de certaines affirmations cela pourrait signifier
reproductibilité à la demande)
</li>
<li>une nouvelle théorie acceptable d'héberger le fait rebelle supposé, réduisant ou éliminant ainsi son caractère
anormal ; ou
</li>
<li>une application pratique de l'anomalie (une approche purement pragmatique et athéorique).</li>
</ol>
<p>(3) est en fait une version de (1) puisque l'utilité implique la reproductibilité, mais le niveau d'adéquation dans
la reproduction pourrait être moindre pour (1) puisque l'argument athéorique esquive la contradiction des théories
existantes.
</p>
<p> Si les affirmations extraordinaires nécessitent des preuves proportionnellement "extraordinaires", les besoins (en
termes de qualité ou quantité, non pas en termes des standards) diminuent avec une réduction de l'extraordinarité de
l'anomalie prétendue. Et si nous devons juger <em>à quel point</em> une affirmation est anormale, nous avons d'abord
besoin d'expliciter clairement quel impact l'existence de l'anomalie aurait sur nos théories. Une anomalie non
imbriquée devrait nécessiter moins d'éléments qu'une anomalie imbriquée. Si nous regardons bien, nous voyons que
souvent une vision commune du niveau d'anormalité de quelque est parfois confondue avec le niveau d'"étrangeté" ou
de "bizarreté" que semble refléter l'affirmation. La possibilité de l'événement est confondue avec la plausibilité
du récit <span class="source">Truzzi, M., 1978a. "<a
href="/time/1/9/7/8/Truzzi_OnTheExtraordinaryAnAttemptAtClarification/index_fr.html">On the
Extraordinary: An Attempt at Clarification</a>", <i lang="en">Zetetic Scholar</i>, n° 1, 11-19</span>. Presque
personne ne croit aux licornes aujourd'hui, mais trouver des licornes vivantes aurait très peu d'impact sur la
zoologie actuelle. La télépathie serait bien moins révolutionnaire pour la théorie psychologique que ne le serait la
précognition, et donc la télépathie <em>devrait nécessiter </em>moins de preuves. Et un <a
href="/science/crypto/zoo/enquete/dossier/LochNess">plésiosaure vivant dans le Loch Ness</a> serait une
affirmation bien moins extraordinaire que ne le serait une sirène ou un centaure vivants. Nous avons besoin
d'expliquer bien plus attentivement comment une affirmation est réellement scientifiquement extraordinaire et donc
soupeser le poids de la preuve à la lumière de cette évaluation.
</p>
<p> Devrait également s'ensuivre que les prétendants peuvent réduire le besoin de preuve en minimisant le caractère
révolutionnaire de leurs affirmations. Ceci peut généralement être fait en adoptant une approche plus athéorique
lorsqu'on présente des preuves. Comme Sherlock Holmes, nous devrions éliminer les éléments non-nécessaires et
considérer les faits bruts d'abord. En particulier nous devrions essayer de dissocier notre anomalie de tous cadres
occulte ou métaphysique (même si ceux-ci ont inspiré notre investigation). Les parapsychologues ne cessent de nous
rappeler qu'ils ne sont pas des occultistes et ne font pas partie du spiritualisme. Les cosmologistes nous
rappellent qu'ils ne défendent pas l'<a href="/science/para/astrologie">astrologie</a> traditionnelle. Certains
ufologues nous rappellent qu'ils enquêtent sur les phénomènes aériens <em>non-identifiés </em>et ne sont pas
partisans d'<em>identifier</em> les UFOs comme des appareils extraterrestres. En général, cela signifie que toute
anomalie soit d'abord présentée comme une question plutôt que partie d'une réponse extraordinaire. Des corrélations
exotiques, par exemple comme dans "l'Effet Mars" de Michel Gauguelin ou dans les résultats de divination non dûs à
la chance de la <a href="/science/para/psi">parapsychologie</a>, devraient d'abord être présentés comme de simples
corrélations avant de passer à des conclusions sur des relations causales <span class="source">Truzzi,
M., 1982. "<a href="../../2/TruzziPersonalReflectionsOnTheMarsEffectControversy/index_fr.html">Personal
Reflections on the Mars Effect Controversy</a>", <i lang="en">Zetetic Scholar</i>, n° 10, 74-81</span>. Trop
souvent ce qui devrait avoir été accepté comme une énigme légitime est répudié parce que le prétendant insiste sur
le fait d'avoir trouvé un point d'appui pour placer son levier vers une révolution scientifique et un changement de
paradigme.
</p>
<p>Mais le prétendant se retrouve dans une position paradoxale. En réduisant ainsi son affirmation d'anomalie, il
pourrait trivialiser son importance, et cela résulte sur le fait qu'elle reçoive une plus faible priorité pour une
investigation scientifique. Donc, l'affirmant est généralement forcé de rechercher attention et resources en
insistant que le caractère révolutionnaire de son affirmation. Mais plus importante est ainsi l'anomalie, plus grand
est le degré de preuve demandé ; et augmenter le seuil pour une preuve adéquate rend la critique plus facile. Cela
force souvent le partisan de l'anomalie à chercher un soutien en-dehors de la <a href="/science">science</a>, soit
de la part du public ou — pire — de soutiens occultes ou métaphysiques ; cela mobilise alors encore plus un
antagonisme chez les scientifiques.
</p>
<p>Mais si le partisan est piégé dans cette spirale, le critique ne l'est sûrement pas. Le but du scientifique est
d'expliquer n'importe quelle anomalie qui existe réellement. Donc le critique — indépendant de la posture du
partisan — a une obligation d'examiner les preuves les plus fortes de version la moins théorique de n'importe quelle
affirmation d'anomalie.
</p>
<p>Finalement, nous avons besoin de reconnaître que l'importance d'une anomalie pourrait être principalement
extra-scientifique <span class="source">Truzzi, M., 1981. "<a
href="../../1/Truzzi_Editorial/index_fr.html">Editorial [Extra-scientific factors and Type II
Error]</a>", <i lang="en">Zetetic Scholar</i>, n° 8, pp. 3-4</span>. Les psychologues pourraient affecter à raison
une faible priorité à la recherche parapsychologique étant donné le niveau de preuve offert jusqu'ici. Mais les
branches militaires et préoccupées par la sécurité du gouvernement pourraient reconnaître que même de tels longs
efforts auraient un impact énorme même s'ils n'étaient que partiellement valides. Donc, des scientifiques pourraient
rationnellement affecter de faibles ou hautes priorités basées sur leurs raisons spécifiques de souhaiter éviter une
erreur de type 1 ou de type 2, et des évaluations de priorité opposées peuvent rationnellement émerger de
différentes orientations et émaner de facteurs non-scientifiques. Les critiques de la recherche gouvernementale sur
les anomalies négligent parfois de considérer de tels facteurs. Mais comme le font, hélas, certains partisans.
Ainsi, l'intérêt dissimulé du gouvernement pour les ovnis ne signifie pas nécessairement une plus grande croyance
dissimulée en la réalité des ovnis. Il pourrait simplement refléter les critères différents du gouvernement pour
l'importance d'éviter une erreur de type 2. Il se pourrait même qu'une telle incompréhension soit en partie la
raison pour laquelle les agences gouvernementales se sentent obligées de garder leur travail confidentiel. Un
argument semblable s'applique au travail confidentiel du gouvernement en <a
href="/science/para/psi">parapsychologie</a> ; un tel travail n'indique pas nécessairement une croyance
dissimulée du gouvernement en la réalité du psi.
</p>
<p>J'ai essayé de prendre en considération certaines des interrelations émergeant de l'application d'une approche
zététique à la recherche sur les anomalies. Comme toujours en toute bonne zététique, je vous laisse avec plus de
questions que de réponses sur ces sujets. Mais je pense qu'il s'agit de certaines des bonnes questions à poser si
nous devons progresser dans le traitement des anomalies scientifiques.
</p>
</section>
<section>
<h2>Note</h2>
<p>Une version précédente de cet article fut livrée à la rencontre annuelle de la <a href="/org/us/asso/SSE.html">Société
pour l'Exploration Scientifique</a>, <time>1983</time>. Mes remerciements à Sidney Genden, Charles Akers et <a
href="/people/w/WestrumRonaldM">Ron Westrum</a> pour leurs astucieuses réactions critiques et suggestions (dont
certaines ne furent pas totalement prises en compte) sur la version d'origine de cet article.
</p>
</section><!--#include virtual="/footer.html" -->